Test Ape Out par Devolver : Entre survie primitif et jazz frénétique
Le test du jeu Ape Out, édité par Devolver Digital et développé par Gabe Cuzzillo, a été réalisé sur PC.
- đ Introduction
- đŹ ScĂ©nario
- đź Gameplay
- đš Graphisme
- đ§ Design sonore
- đ Voir la note
- đŠ VidĂ©o
Ape Out
Il y a des créateurs qui font des choix artistiques audacieux. Je pense à Pink Floyd et ses bruitages psychédéliques sur des morceaux de 15 minutes, à The Doors et ses paroles chamaniques et sibyllines, ou à ACDC avec son album Back in Black et sa pochette complètement noire, jugée anti commerciale à l’époque.
Tout ça pour dire que de temps en temps, prendre des risques, être critiqué à son époque, ça en vaut les efforts. Avec Ape Out, je pense que beaucoup de joueurs vont s’arrêter sur les captures d'écran et se détourner instantanément du titre. Grand mal leur fasse. Et pour ceux qui restent, si je vous dis que le jeu est développé par Gabe Cuzzillo et édité par Devolver Digital, la boîte déjà derrière de très nombreux titres très audacieux et visuellement marquants comme Hotline Miami, Enter the Gungeon, Broforce, Titan Soul, Sword of Ditto, Minit… Alors, que pouvons-nous dire sur ce nouveau jeu ? Est-ce qu'il mérite d’être lui aussi, cité au milieu de tous ces incroyables jeux ? Réponse ci-dessous, avec le test d'Ape Out, disponible sur PC et sur Nintendo Switch depuis le 28 février 2018.
Ape Out laissera une trace dans la mémoire de tous ceux qui auront l’audace d’y jouer
L'histoire de Ape Out
Victime du besoin narcissique de l’Homme à tout posséder, vous vous retrouvez pris au piège dans une cage, comme un vulgaire singe. D’une certaine manière, c’est normal, vous avez plutôt un physique à jouer dans Gorille dans la Brume ou La planète des singes.
Et de votre cage, vous vous apprêtez à faire l’irréparable… Sitôt le premier coup de patte donné, la cage forcée, que vous allez vous enfoncer dans une course frénétique, violente, d’une rare intensité, pour retrouver votre liberté.
Game System
Ape Out est d’une extraordinaire simplicité. Reprenant le principe du twinstick shooter, c’est-à-dire, que le joueur contrôle son personnage avec un pad et on vise avec l’autre, Ape Out transpose ce principe au corps-à-corps, car bien sûr, vous êtes désarmés face à une horde de ravisseurs.
Vous évoluez dans des niveaux générés aléatoirement, très labyrinthique, dans lequel vous allez devoir trouver la sortie. Le jeu se décompose en 4 niveaux qui se finissent très rapidement.
Vous avez juste deux boutons : un pour frapper, et vous enverrez s’écraser vos adversaires avec une grande satisfaction contre un mur ; un pour saisir, comme le gorille Harambe (RIP bro) le fit, vous allez attraper avec une déconcertante facilité un humain, le transformant en bouclier.
Les ennemis ont tous des armes à feu, fusils, shotgun, pistolet, mitraillette, sniper, et même lance-flammes ! Au milieu de cette armada, vos seules armes, sont la force brute et la vitesse. Attaquez-les avant qu’ils n’aient le temps de réagir. Le petit plus qui fait plaisir, c’est que si vous attrapez un adversaire, il va par réflexe tirer une cartouche de son arme devant lui. Cela vous permet de surprendre les autres en face avec une belle décharge de chevrotine. Et quand vous en avez marre de votre joujou, n’hésitez pas à le balancer à nouveau contre un mur.
Comme je l’ai dit, le jeu est court, de fait, le gameplay très simple n’a pas le temps de devenir lassant, et les ennemis, quoique tous du même moule – c’est-à-dire des humains plus ou moins solides et attaquants à distance – évoluent à chaque niveau, concrètement vous découvrirez une nouvelle arme régulièrement entravant votre avancée.
Présenter ainsi le jeu paraît si simpliste qu’il en devient ridicule. Mais non, car les développeurs ont fait les choses dans l’ordre, on fait les choses correctement. Déjà, si le principe est simple, la difficulté, elle, est bien corsée. Ensuite, à chaque mort, vous verrez une carte apparaître avec votre parcours. Vous rendant compte que vous étiez à 10 mètres de l’arrivée, stimulant ainsi votre envie de relancer une partie dans la foulée. Ensuite toute l’ingéniosité du titre, ses ressorts, ses particularités, tiennent dans l’utilisation brillante de ses graphismes.
Graphisme
En effet, ce qui saute aux yeux instantanément c’est le choix artistique. Dire qu’il est tranché est un euphémisme, il est découpé à la hache. Sans aucune concession, le visuel d’Ape Out est un art minimaliste très inspiré des années 60-70, qui n’est pas sans rappelé les très grands noms de ces courants, Saul Bass en tête (si ce nom ne vous dit rien, je suis certain que les affiches des films qu’il a conçues vous seront familières).
Utilisant un style de formes découpées, le génie de ce jeu consiste à étirer à l’infini les perspectives vers le haut, et ainsi de manière esthétique et grisante, les murs, les piliers, les portes, les vitres… deviennent autant d’obstacle à votre champ de vision. Le labyrinthe du jeu, très simple s’il était vue de dessus normalement comme dans un Hotline Miami ou un Hong Kong Massacre, devient très déconcertant. Et en plus, comme les parois nous cachent la vue, on ne sait jamais si un ennemi n’est pas dissimulé derrière.
Mais ce n’est pas tout ! L’utilisation géniale des graphismes ne s’arrête pas là. Un autre exemple, dans certains niveaux, vous serez plongé dans l’obscurité. Comment l’ont-ils rendu in game ? En faisant disparaître les ennemis, les rendant visible uniquement par le faisceau lumineux de leur lampe torche. Quand il y a un ennemi, ça va, on arrive facilement à le localiser. Mais quand ils sont plusieurs, les faisceaux s’emmêlent, se croisent, rendant la scène parfaitement confuse, rendant ainsi palpable la difficulté majorée due à l’absence de lumière.
Et bien sûr le tout avec un jeu de couleurs fascinant.
Plein d’autres idées sont à apprécier, par exemple il n’y a aucun HUB visible à l’écran. Votre gorille n’a que 3 points de vie. Comment le matérialiser sans encombrer l’écran ? Prenez vous une balle et votre gorille saignera un peu, deux balles et c’est une grande traînée qu’il laissera derrière lui.
Comment ne pas rendre les graphismes enfantins et rébarbatifs alors que ce n'est que des formes de couleurs vives découpées ? En ajoutant un effet de vieux film sur les textures, leur donnant du corps, du mouvement, là où il n’y en a pas.
En poussant encore plus loin, on peut aussi voir cette perspective écrasante, lointaine, presque surréaliste, comme une métaphore de l’échappé de ce primate qui affronte, sans chance de survie, l’espèce humaine surarmée et en surnombre ! Écrasé par le surnombre et la difficulté, il devient si petit, si perdu.
De la même manière, je pourrai dire que le choix des couleurs, des perspectives… permettent de faire ressentir la manière dont votre avatar simiesque voit le monde, avec ses yeux à lui.
Mais je me demande si je ne surinterprète pas un peu. Mais n’est-ce pas là le propre de toute critique artistique ? De voir de la conscience là où il n’y a que du hasard ?
Les screenshots ne rendent absolument pas hommage au jeu qu’il faut voir animé pour comprendre toute la richesse de son visuel. Avoir du mal à décrire un jeu vidéo c’est pour moi une preuve de la grande originalité, une utilisation qui a pris en compte les particularités du jeu.
Je suis bien conscient que cela ne plaira pas à tout le monde, mais personnellement, c’est le jeu qui m’a visuellement le plus marqué de ses dernières années.
Bande son
Et pour conclure cet hommage aux années 60-70, Ape Out nous offre une bande-son absolument fantastique, composé uniquement d’instruments de percussion (est-ce que là aussi je dois sur analyser les percussions avec les battements effrénés du cœur du singe exalté par la peur ? Ou la violence des hommes qui tentent d’abattre celui qui cherche à rentrer chez lui ?).
Et chacune de vos attaques provoquera le craquement d’un tambour, le tintement abrupt d’une cymbale.
De la pure jungle jazz, un régal et un bijou d’ingéniosité.
L’hommage est poussé jusqu’au choix des levels qui se fait sur des vinyles aux pochettes très jazzy, inspirés et tout à fait crédible.
Mon avis concernant Ape Out sur PC
Certains reprocheront à Ape Out sa durée de vie limitée, d’autres n’accrocheront pas à sa charte graphique. Personnellement, je vois ce jeu comme une expérience vidéo ludique d’une rare intensité, mêlant l’artistique et le ludique. Ape Out laissera une trace dans la mémoire de tous ceux qui auront l’audace d’y jouer.
En résumé
Les points forts de Ape Out
- - Un choix artistique engagé, aussi bien visuellement que musicalement.
- - Des graphismes utilisés comme moteur du gameplay
- - Un hommage réussi aux années 60
Les points faibles de Ape Out
- - Durée de vie courte
- - L’art divise. Ce jeu en fera partie.
Bande annonce d'Ape Out
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