Test The Eternal Castle [REMASTERED] - Une légende urbaine devenue réalité
Le test du jeu The Eternal Castle [REMASTERED], édité par TFL STUDIOS et développé par TFL STUDIOS, a été réalisé sur PC.
The Eternal Castle [REMASTERED]
1987 est une année particulière. Côté console, les Européens ont profité de la sortie de la NES , tandis qu'au Japon, la PC-Engine était commercialisée en fin d'année. Côté ordinateur, l'Amiga 500 succédait à l'Amiga 1000. Mais c'est aussi une année qui a vu l'un des plus grands mystères de l’aire industrielle et teinté de complot. Nous sommes à la confluence entre technologie balbutiante, ambition homérique, et amnésie organisée. Je ne parle pas de la catastrophe de Tchernobyl survenue quelques mois plus tôt, mais de la première sortie du jeu The Eternal Castle. Ce jeu ne vous dit rien ? C’est normal, il n’a été édité qu’à un seul exemplaire, et l’équipe de développement composé de 4 furieux, anciens de chez Valve, et co-édité par Playsaurus, et TFL Studios, a pris le parti un peu fou de ressortir des limbes après 33 ans de sommeil.
Ligne de code par ligne de code, pixel par pixel, les développeurs ont recrée le jeu en s’appuyant sur des archives et sur les quelques cassettes VHS sauvées, on ne sait comment. Votre curiosité est piquée ? La mienne aussi. Plongeons-nous ensemble dans le passé avec le test de The Eternal Castle [REMASTER] réalisé su PC. Sachez que le jeu est sorti en janvier 2019 sur PC et en août 2020 sur Switch, et que le jeu sort sur PlayStation 4|5 le 24 juin 2021.
The Eternal Castle [REMASTER] mérite votre attention, au risque de vous brûler les yeux !
L'histoire de The Eternal Castle [REMASTERED]
La première version de The Eternal Castle, a été développée par la même équipe que Polybius en 1981. Deux jeux particulièrement exceptionnels, qui brillent par leur originalité. En effet, ces jeux n’ont jamais existé !
L’aura de mystère qui a été installée par l’équipe derrière The Eternal Castle [REMASTER] est particulièrement bien trouvée, et parfaitement en adéquation avec l’ambiance même de leur titre.
Pour ceux qui ne le savent pas, Polybius est une légende urbaine, une creepypasta qui est apparue avec Internet. En mêlant à la fois des faits réels (deux ados qui ont fait des malaises alors qu’ils jouaient sur arcade), avec une coïncidence troublante (des personnes venant inspecté les bornes d’arcades juste après pour inspecter l’intégrité de la mémoire), ainsi qu’une culture nouvelle (celle du jeu vidéo) qui inspiré comme toutes les nouvelles technologie crainte et mystère, et vous avez tous les ingrédients pour faire naître toutes les théories les plus obscures, les plus machiavéliques.
Il y a aussi l’incroyable théorie du personnage caché ultime de Street Fighter II : Sheng Long. Ce personnage est apparu suite à un problème de traduction entre le « dragon punch » laissé dans son jus original japonais, et qui a été traduit par Sheng Long, qui ressemble beaucoup à un prénom chinois. La phrase « You must defeat Sheng Long to stand a chance » qu’on pourrait traduire par « Il te faudra d’abord être capable d’affronter mon dragon punch avant d’espérer avoir une chance » a donc été la source d’une formidable chasse au secret. Si puissante, que les développeurs ont fini par créer ce fameux Sheng Long qui n’avait donc jamais existé.
Pourquoi je vous parle de tout cela ? Parce que The Eternal Castle s’inscrit dans cette ambiance obscure, mystérieuse, on a tous envie de croire, we want to believe, a des territoires encore inexplorés de notre passé, une sorte de quête au trésor temporel qu’on a tous un peu fait en parcourant l’intégralité de la ludothèque d’une console sur émulateur par exemple.
Les 4 développeurs en inventant cette histoire redonne un souffle épique à une quête qui devient veine à mesure qu’on prend de l’âge, parce que l’innocence fait place à la raison, et par notre capacité à nous émerveiller qui nous quitte peu à peu alors que des rides viennent marquer notre front.
Et quand j’ai vu ce titre, j’ai cherché (pas trop longtemps car à l’heure d’Internet tout se sait), j’ai marché dans leur délire. J’y ai cru, et j’ai trouvé ça brillant.
Mais au-delà de cet artifice, de cette histoire dans la communication, que vaut le scénario du jeu ?
Malheureusement, beaucoup moins glorieuse que celle développée autour du jeu. Sans dialogue ni texte, on suit comme il est un peu trop souvent de coutume, un personnage énigmatique dans une quête aux enjeux mutiques, qu’on devine à travers quelques scènes et cinématiques. Vous vous écrasez avec votre vaisseau sur une planète inconnue (oui, comme Selene Vassos dans Returnal), et tentez de trouver de quoi réparer votre véhicule en parcourant l’environnement.
The Eternal Castle est le jeu que les développeurs auraient rêvé jouer quand ils étaient petits
Game System
The Eternal Castle est un jeu très inspiré des classiques comme Another World d’Eric Chahi, ou Prince of Persia de Jordan Mechner.
C’est un jeu d’action / plateformes en 2D qui reprend beaucoup plus que l’ambiance de ces deux titres.
The Eternal Castle est le jeu que les développeurs auraient rêvé jouer quand ils étaient petits, d’où leur volonté de garder intact toute la substantifique moelle de ces jeux. À savoir un jeu codé en 2 bits CGA c’est-à-dire 4 couleurs, et une petite poignée de pixels.
J’y reviendrai plus tard dans la partie graphisme, mais il faut bien voir avoir à l’esprit que les graphismes et la maniabilité sont liés, dans leurs bons comme leurs mauvais côtés.
Pour animer le jeune aventurier dans Prince of Persia, Jordan Mechner a utilisé la méthode dite de la rotoscopie avec son petit frère. Il l’a filmé faire un saut, une course, un pas, etc. Il a ensuite retracé les films en pixel image par image, donnant à son jeu un réalisme incroyable à l’époque, une ambiance très cinématographique (pas de score, très peu de hub…), mais aussi une difficulté due, non pas au jeu, mais à la maniabilité. Oubliez la vélocité et la réactivité d’un Mario, bienvenu dans l’enfer du timing foireux !
Quand vous allez appuyer sur un bouton, l’animation va se lancer et le saut se déclencher au bout de l’animation. Si vous n’avez pas assez anticipé votre saut, vous allez donc finir au fond du précipice que vous aviez tenté d’enjamber.
Et bien dans The Eternal Castle, tout est resté dans son jus de 1987, c’est-à-dire cette latence infernale qui va vous faire mourir un nombre incalculable de fois.
Parce que le jeu est dur, très Another World dans son côté Die & Rerty, chaque nouvel écran risque de vous faire mourir une fois et vous permettra de revenir un peu en arrière en anticipant cette fois le danger.
Des dangers venant de partout, d’un habitant inhospitalier, d’un trou, d’un animal furieux… Le dépaysement de l’environnement est au niveau du dépaysement offert par les graphismes. Le voyage est décoiffant, surprenant !
Si l’animation ultra décomposée rend très bien, mais rend le jeu très dur, le level design ne semble pas avoir assez pris en compte cet aspect erratique de la maniabilité, car une grosse partie du jeu est basé sur l’action, encore plus que la plateforme.
Et une fois la manette en main, les choses deviennent compliquées, pour ne pas dire carrément bordélique ! Les capacités de notre personnage sont assez intuitives. Par exemple, on se baisse pour ramasser une arme. Mais votre perso est malheureusement très brouillon quand il s’agit de viser par exemple. Utiliser une arme, c’est voir vos rares munitions allez dans tous les sens, 3 mètres au-dessus de votre cible, ou tirer à vos pieds. Je rappelle que nous sommes dans un jeu 2D type couloir, je ne vois pas comment même le pire tireur du monde arrive à se tirer sur les pieds ou au plafond.
Le manque d’élément nécessaire pour se cacher, pour rendre les combats un minimum stratégique nous oblige à bourriner un peu le bouton tir en espérant que votre avatar va réussir à lâcher une cartouche en ligne droite.
Au corps-à-corps c’est la même chose, mais en pire !
Malgré ce constat, le jeu se parcourt quand même sans trop de difficulté, grâce aux checkpoint assez fréquents, et au bon ratio de réussite en bourrinant (frustrant mais efficace).
Le jeu intrigue, son ambiance retro futuriste, sa plastique incroyable, la fluidité et l’élégance de ces scènes rendent les 2-3h nécessaires à le finir plaisante, avec une petite amertume en fond à cause des problèmes de maniabilité.
Vidéo The Eternal Castle [REMASTERED]
Graphisme
C’est assez difficile à concevoir comment avec si peu de pixels, si peu de couleurs, les développeurs ont réussi à créer un jeu si riche, si profond, si intrigant !
L’utilisation intelligente et maîtrisée du clair-obscur joue bien sûr en la faveur du titre, permettant d’avaler les détails dans les ténèbres, laissant vibrer les contours comme autant de silhouettes découpées de néons.
Si les screenshots laissent entrevoir une véritable maîtrise du pixel art, c’est bien l’animation qui rend le titre assez incroyable. Je me répète, mais je ne comprends pas comment avec si peu de couleurs et de pixel, il soit possible de faire un jeu si fluide, si classe, avec autant de profondeur !
Mais le choix de créer un environnement aussi riche avec si peu de couleur se paye en lisibilité. Si le tableau général se comprend bien, dans le détail, c’est plus dur de s’y retrouver. Est-ce que je peux m’accrocher ici ? Est-ce qu’il y a une arme là ? Est-ce que ce machin qui bouge à peine est un ennemi, un allié, un monstre – car encore une fois, c’est l’animation qui donne vie aux pixels – qui se dresse au bout du couloir ?
Visuellement il y a bien sûr des défauts, mais le parti-pris esthétique force l’admiration. Rendre tout cela aussi foisonnant avec si peu d’outils, c’est comme finir un marathon avec un sac de briques sur le dos.
Bande son
L’habillage sonore répond comme un écho à l’ambiance graphique. Si le choix du visuel s’est figé en 1987, la bande-son quant à elle, est clairement ancrée en 2020. Les graphismes sont parfois légèrement confus ? L’ambiance sonore complétera vos sens pour vous permettre de figurer avec imagination la narration. Les parties désertiques se parcourent accompagnées du vent, vos errements dans des vaisseaux spatiaux résonneront aux notes synthétiques de musiques actuelles rendant hommage aux 80’s (ça peut paraître paradoxal, mais cela ne l’est pas).
Le pixel art, c’est l’art de faire comprendre le plus avec le moins de pixel possible. Tout le jeu se compose de la même manière, on va à l’économie pour permettre au joueur de profiter d’un voyage aussi élégant que suggestif que nostalgique. Voici un extrait de la bande-son composée par Kiiro.
Mon avis concernant The Eternal Castle [REMASTERED] sur PC
Il est très difficile de se faire un avis objectif (si tant est qu’un avis puisse être objectif) sur un jeu aussi tranché que The Eternal Castle [REMARSTER]. Il est à la frontière du jeu narratif tant il mise sur son ambiance et sa mise en scène, à la manière du jeu génial Inside.
Difficile de penser qu’il sera accessible à tous les joueurs, il déclenchera à coup sûr des réactions tranchées à tous ceux qui s’y essaieront.
Mais ce parti-pris de niche, cette manière arc-boutée des développeurs de créer un jeu, non pas fidèle, mais un jeu de 1987 en 2021, cette démarche artistique, presque autistique, d’être insensible à l’autre pour créer et offrir leur expérience personnelle… pour tout cela, The Eternal Castle [REMASTER] mérite votre attention, au risque de vous bruler les yeux !
L'avis d'un autre blogueur : newsjeux
"Un jeu épileptique, mais tellement artistique !"
Lire son test.
En résumé
Les points forts de The Eternal Castle [REMASTERED]
- - Un sens aigu de l’authenticité
- - Une ambiance graphique et sonore rares
- - Une animation et une narration impressionnantes
Les points faibles de The Eternal Castle [REMASTERED]
- - Quelques entorses à l’hommage auraient rendu l’expérience plus plaisantes
- - Une maniabilité approximative, jusqu’à la frustration
- - Une ambiance cryptique dont le message (s’il existe) m’a échappé
Bande annonce du jeu The Eternal Castle [REMASTERED]
Test Ratchet & Clank: Rift Apart. Le jeu qui vous fera aimer la PS5
Test d'Alex Kidd in Miracle World DX. Une refonte graphique réussie