Test Hellblade: Senua's Sacrifice : quand le jeu vidéo devient un art
Le test du jeu Hellblade: Senua's Sacrifice, édité par Ninja Theory et développé par Ninja Theory, a été réalisé sur PS4.
Hellblade: Senua's Sacrifice
Voyez cela je vois mon père. Voyez cela je vois ma mère et mes sœurs et mes frères. Voyez cela, je vois tous mes ancêtres qui sont assis et me regardent. Et voilà, voilà qu’ils m’appellent et me demandent de prendre place à leurs côtés dans le palais de Valhalla là où les braves vivent à jamais.
Voyez cela, Hellblade : Senua's Sacrifice est un jeu narratif développé par le studio de développement indépendant Ninja Theory. Le jeu est disponible en téléchargement sur PC et PlayStation 4 (Xbox One depuis avril 2018 et Nintendo Switch depuis avril 2019), et il va vous transporter au cœur de la mythologie comme Theseus sur PSVR, mais cette fois-ci, le joueur quitte la mythologie grecque pour rejoindre la mythologie nordique, mais plus encore, vers les méandres torturés de la folie et de la mort.
Hellblade : Senua's Sacrifice est juste sublime
L'histoire de Hellblade: Senua's Sacrifice
Avant de commencer à proprement parler de l'histoire du jeu, je me permets un petit aparté qui me semble important. Ce jeu vous l’aurez compris, parle de mythologie. Mais contrairement à beaucoup de supports qui s’en inspirent (film, BD, etc.), l’équipe du jeu a effectué un travail de recherche très poussé, pour retranscrire fidèlement l’esprit de la mythologie Norroise. Et toutes les histoires, les mythes narrés lors de ce voyage vidéoludique, sont directement tirés des textes comme l’Edda Poétique (texte majeur de la mythologie scandinave). Petit détail important, l’ère Viking peut être est découpé en deux phases, la phase païenne et la phase chrétienne. Bien évidemment, la mythologie a été teintée avec le temps d’une coloration toute chrétienne et c’est cet aspect qui nous est parvenu, en particulier du fait que la littérature et l'histoire… étaient tenues par des chrétiens. Du coup, beaucoup de figures neutres ont évolué avec le temps. Par exemple, Hel (fille de Loki et gardienne d’un des mondes des morts) est devenue une incarnation de l’enfer chrétienne (le nom d’ailleurs donnera Hell en anglais). Pour ceux qui s’y connaissent très bien en mythologie Norroise, nous sommes donc dans une vision tardive, teintée de valeurs chrétiennes de la religion Viking.
Hellblade Senua's Sacrifice vous emmènera aux frontières du monde des hommes et des Dieux, dans les recoins putrides de la mythologie Norroise. Précisément à Hellheim, le royaume des morts, gardé par Hel, la fille impie de Loki, sœur de Fenrir le Loup de l’hiver et du serpent monde qui entoure Midgard le royaume des hommes (bonjour l’ambiance dans les repas de famille !!).
Vous incarnez Senua, une jeune guerrière partie dans une quête extraordinaire : arracher aux griffes de Hel votre aimé, Dillion, qui a rejoint son royaume ténébreux.
Mais Senua n’est pas une femme comme les autres. En plus de sa force et de son courage, elle est accompagnée de voix qui la suivent et qui ont trouvé refuge dans son esprit. Oui, Senua souffre de diverses psychoses, qui vont se manifester dans le gameplay.
Car, en plus de parler de manière construite et documenter de la mythologie Norroise, ce jeu a également mis en scène de manière brillante, divers troubles neurologiques. Pourquoi brillant ? Tout simplement parce que cela va avoir un impact considérable sur votre expérience de jeu !
Game System
Je m’interroge régulièrement, à travers mes tests notamment, à l’essence même du jeu vidéo : Est-ce un art ? Un loisir ? Ou bien un sport ?
Cela dépend du jeu me direz-vous. Certains jeux comme Mario sont un loisir, d’autres comme Furi qui est construit autour de la compétition, du scoring et speedrun s’apparentent à un sport, et d’autres comme Hellblade : Senua's Sacrifice sont des œuvres d'art.
Pourquoi ? Parce qu’il permet de véhiculer des émotions et des idées, et de les mettre en scène de telle manière à ce qu’aucun autre média (cinéma, musique, théâtre…) ne puisse reproduire cette expérience. L’utilisation des mécaniques de jeu comme principe narratif et unique, permet d’affirmer que ce jeu est de l’art.
Pendant tout le jeu, vous allez entendre des voix, plusieurs… elles seront tour à tour familières, empathiques, moqueuses, rageuses, déconcertantes… mais toujours présentes. De fait, ce jeu vous donnera la possibilité d’expérimenter vous-même cette psychose ! Vous aurez envie de temps en temps, dans les parties stressantes du jeu d'hurler aux voix de se taire, parfois elles seront rassurantes, presque amicales lors de parties plus calmes. C’est impressionnant de ressentir de manière précise le trouble qu’on peut ressentir en étant habité en permanence par des voix. Je me souviens de ma première mort due à ces voix alors que je franchissais un ravin en équilibre sur un rondin, les voix m’enjoignaient de me pencher, à gauche, à droite, de faire attention… je ne savais pas si je devais les écouter ou pas, du coup je me suis emmêlé les doigts et j’ai chu.
Autre bonne idée, Hel vous a maudit, et une tache sur votre bras s’étendra à chacune de vos morts. De sorte qu’une fois totalement recouverte jusqu’à la tête de cette tâche, vous serez définitivement morte. Cela se traduit dans le jeu par votre sauvegarde qui sera effacée ! Inutile de préciser que cela donne un enjeu à chacune des épreuves, un stress permanent de crainte d’être surpris par un piège.
L’avancée du jeu se fait à travers plusieurs phases :
Les phases « promenade » qui seront bien sûr au rythme de voix qui trottent dans l’esprit de l’héroïne. Et si vous prenez le temps de les consulter, des pierres de savoir (pierre avec une rune) raconteront les différents mythes, comme la genèse du monde.
Les phases combats contre des adversaires plus ou moins forts, des boss… qui se feront à la manière d’un Assassin’s Creed, c’est-à-dire basé surtout sur le timing. Pas très intéressant, mais qui varie le rythme du jeu et qui, additionné avec la contrainte de ne pas devoir mourir rend les affrontements parfois grisants.
Les phases de recherches. Il s’agit de succession d’énigmes plus ou moins inspirées. La plus fréquente, c’est retrouver des runes dans le décor : on vous montre le dessin d’une rune, et en vous déplaçant et en jouant avec les perspectives vous allez devoir retrouver cette rune dans le paysage (l’alignement de l’arbre, de la poutre vue d’un certain angle), d’autres consisteront souvent à trouver tel ou tel itinéraire… Ces phases sont longues, inutiles si ce n’est à rallonger artificiellement la durée de vie, et votre personnage étant très lent, cela devient vite très pénible d’errer jusqu’à trouver l’objet ou le lieu qu’on cherche…
C’est vraiment dommage de gâcher l’expérience artistique vidéoludique avec des moments qui correspondent au plus bas niveau de loisirs que le jeu vidéo puisse offrir, afin de ne pas faire avancer trop vite le joueur. Ça casse le rythme, la narration, et ça nous sort complètement de l’expérience.
Sans ces phases d’énigmes j’aurai mis 18/20 au gameplay pour souligner l’intelligence de la manière dont l’équipe à appréhender le gameplay comme élément narratif.
Graphisme
Hellblade : Senua's Sacrifice est juste sublime.
Les graphismes sont très inspirés, et collent absolument avec l’ambiance mature et sinistre du propos du jeu. Parcourant Helheim dont la porte est une gigantesque figure gargouillesque de poutres qui dominent tout le royaume, vous allez dès les premiers moments du jeu croiser, des monceaux de cadavres, passer de la richesse de l’architecture en bois d’une porte finement travaillée, à la brutalité d’un corps carbonisé au pied d’un autel.
Comme le gameplay, les graphismes sont aussi là pour vous faire expérimenter la psychose de Senua ou la réalité des épreuves. Par exemple vous constaterez que Senua ne peut pas vous regarder dans les yeux. Quand vous tournerez la caméra pour voir votre personnage, vous verrez des yeux un peu dans le vague, un peu perdu et qui ne peuvent soutenir votre regard. C’est très subtil comme sensation. De même, certaines phases de gameplay s’accompagnent d’effets visuels que je vous laisserai découvrir.
Bande son
Comme pour tout le reste du jeu, le travail sur le son est absolument remarquable. Tous les doublages sont d’une remarquable justesse. Le ton caverneux de certaines voix, le timbre empreint de force et de Trouble de Senua… le tout sonne avec crédibilité et sincérité. De même que les musiques tantôt discrètes, tantôt puissantes soutiendront toujours le moment présent.
Et enfin les dialogues sont tous très bien écrits. Que cela soit la narration des différentes histoires entendues grâce aux pierres de savoir, ou les dialogues avec vos voix intérieures, ou avec d’autres personnages du jeu… il y a un ton grave, sérieux, et très élégant à travers tous les textes.
Mon avis concernant Hellblade: Senua's Sacrifice sur Sony Playstation 4
Hellblade : Senua's Sacrifice est une expérience artistique très forte ! Pour peu que vous soyez sensible à la richesse de la mythologie, Norroise en particulier, que vous la connaissiez bien ou non, ce voyage aux frontières de Helheim et de votre propre folie laissera sur vous une empreinte semblable à celle de votre héroïne.
En résumé
Les points forts de Hellblade: Senua's Sacrifice
- - Les graphismes et les effets sonores irréprochables
- - Le respect avec lequel mythologie et psychose sont traités
- - Le lien étroit entre le propos du jeu et le gameplay.
Les points faibles de Hellblade: Senua's Sacrifice
- - Les phases d’énigmes totalement inutiles
- - Le fait que votre personnage ne court pas vite lors des phases d’énigmes
- - Les phases d’énigmes encore et toujours !
Bande annonce du jeu Hellblade: Senua's Sacrifice
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