Test KarmaZoo. Un grand jeu qui parle de réincarnation et d'intelligence collective

Critique du jeu KarmaZoo sur PC

Histoire

Un petit blob perdu dans un espace céleste. Voilà comment s’ouvre le jeu. Le petit blob, vous l’aurez sans doute compris, c’est vous. Fragile et pas vraiment mobile, vous allez devoir vous réincarner encore et encore pour développer votre karma et atteindre l’illumination, le nirvana.
Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais cette histoire que vous allez construire, vous n’allez pas la construire seul, car si l’humanité nous a bien appris quelque chose, c’est que seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin !

Et ensemble, vous allez déplacer des montagnes ! Enfin pas tout à fait. Vous allez y arriver au bout de plusieurs cycles de réincarnations. À chaque nouvelle réincarnation, vous allez engranger du karma qui va vous permettre toujours plus de choses en vous permettant d'incarner de nouveaux avatars.
Le principe de KarmaZoo est absolument génial, car tout s’imbrique parfaitement, le lien entre la trame narrative  - si tant est qu’on puisse parler de trame narrative, je parlerai plutôt d’un univers cohérent – le gameplay, les graphismes et la bande-son. Il est très difficile de les dissocier, et en ce sens, je trouve le principe de KarmaZoo parfait.

Game System

Pour parler de KarmaZoo, il faut reparler du Karma. Le karma, c’est cette essence qui infuse notre avenir en fonction de nos actions. Plus celles-ci sont positives, meilleur sera notre karma. Le tout dans une humanité plurielle. Tout cela semble bien compliqué, mais en fait une fois la manette en main, c’est parfaitement intuitif et accessible.
KarmaZoo est un jeu multi. Exclusivement multi. Et exclusivement coopératif.
Dans ce jeu, votre blob va évoluer à travers son cycle de réincarnation en passant par toute sorte d’avatar. Une grenouille, une otarie, un lion, une poire, un parapluie parce que pourquoi pas…
Chacun de vos avatars, que vous débloquerez avec du karma acquis pendant vos parties, aura une spécificité qui servira le groupe entier à atteindre la sortie des levels.
Par exemple, l'araignée permet de créer des fils pour permettre aux autres de grimper, l'huître peut servir de plateforme, la lanterne éclaire les passages secrets dans les murs...

Chaque level est un puzzle game plateforme dans lequel des joueurs du monde entier -10 max par partie - vont se retrouver pour avancer ensemble. Chaque joueur incarnant un avatar qu’il aura choisi dans le HUB central. Chaque avatar ayant des compétences spécifiques. Les niveaux seront ensuite générés avec une part d’aléatoire en fonction des avatars présents pendant la partie afin de tirer profit des compétences de chacun. Il y a une quarantaine d’avatars, et sans doute plein de cachés. Cela vous donne une idée de la quantité possible de combinaison de niveaux possible.

Dans chaque level, chacun va être libre d’évoluer librement, de faire ce qu’il veut. Mais bien sûr, pour avancer, il va falloir se coordonner… Mais sans parler ! Pas de système de communication autre que de bref petits émoticônes. Et donc ensemble, il va falloir appuyer sur un bouton pour ouvrir une trappe pendant que les autres la traversent, et une fois traversé ceux derrière vont devoir garder la trappe ouverte pour que vous les rejoigniez.

Si sur le papier cela semble simple, pendant la partie, c’est tout de suite beaucoup plus compliqué ! Les puzzles deviennent rotor, on a besoin de compétence d’avatar qu’on ne connaît pas, on va devoir faire des chaînes d’avatar pour faire conducteur d’une ligne électrique d’un point A à un point B en se mettant côte à côte. Toutes les énigmes se comprennent à plusieurs. C’est un jeu qui mobilise une intelligence collective. En y jouant, j’ai souvent pensé à l’intelligence collective des foules que Mehdi Moussaïd a popularisé grâce à sa chaîne Youtube Fouloscopie que je vous invite à découvrir.
Le nombre fait que forcément, au bout d’un moment, on arrivera à trouver la solution aussi improbable soit-elle, par l’expérimentation du nombre. C’est aussi amusant qu’intéressant, quand on arrive dans une zone un peu cryptique qui nous bloque, de voir tous les avatars qui s’agitent tous dans tous les sens, dans un désordre apparent qui en fait, est une élimination empirique de chaque solution possible jusqu’à trouver la bonne.

Mais attention, car si vous vous éloignez trop du groupe, que vous vous retrouvez seul trop longtemps, vous aller mourir. D’une manière générale, la mort fait partie du jeu (karma, réincarnation…), et si vous vous empalez sur des piques, à l’endroit de votre trépas vous allez faire apparaître une plateforme que vous ou les autres avatars pourrez emprunter pour avancer. Du Multi et de la Coop en tout point !
Le chaos est en fait une condition de réussite des levels, car si on devait attendre les décisions d’un leader, tout prendrait beaucoup trop de temps. Car oui, il y a du temps. À la fin du temps imparti, vous perdez tous ensemble (partagez la victoire, partagez la défaite). Le fait que du chaos surgisse la solution, c’est-à-dire que la solution est suffisamment cachée mais accessible, c’est à mettre au crédit du level designer.

Il y a bien un mode multi local, qui se joue jusqu’à 8 au lieu de 10, mais je trouve que le sel, sa spécificité et sa particularité est d’arriver à faire jouer de parfait inconnu ensemble dans un maelström coordonné de l’intérieur.
Le mode est très réussi, et si vous voulez jouer tous ensemble dans ce joyeux bazar sur le même canap, c’est tout à fait possible. Il y a également un système de code à rentrer pour pouvoir jouer en ligne avec des inconnus et tout en invitant vos amis. Bref, l’ergonomie est très bien pensée.

Il y a tellement de choses à débloquer que je pense que rare sont les joueurs qui débloqueront tous les persos… Ce qui ne nuit pas à l’expérience de jeu parce qu’il y en a tellement que cela permet, dans vos parties, de jouer avec inconnus qui possèdent des avatars que vous n’aurez pas et que vous allez découvrir.
Et pour conclure à l’universalisme du titre, tout votre karma est comptabilisé dans une jauge mondiale qui débloque des features pour TOUS les joueurs, quelle que soit leur implication, si modeste fût-elle. 

Graphisme

Pour ce joyeux bazar, rien de tel qu’un chara design clair, mignon et inspiré.
Les nombreux avatars ont tous une petite bouille adorable, et chacun est suffisamment différencié pour pouvoir être identifiable très rapidement.
Mais surtout in game, votre avatar sera blanc quand celui de tous les autres aura une teinte plus sombre, vous permettant de vous repérer instantanément et sans faire apparaître d’élément comme des flèches ou des contours. C’est juste brillant.
Quant à l’ambiance hindouiste, elle transparaît à travers ses constellations, ses couleurs, son damasquinage… Autant d’éléments qui entre parfaitement en écho avec l’ambiance et les ambitions du titre, mais sans trop en faire, en restant léger, en évocation… Cela permet de garder un caractère universel et non-géographique.

Bande son

Légère, voire discrète… la musique remplit pour autant parfaitement son rôle en ne devenant pas indigeste, le risque si on devait sonoriser chaque action quand il y a 10 personnages à l’écran, c’est d’avoir une bouillie sonore parfaitement insupportable. Dans KarmaZoo, tout reste audible, tout reste élégant.
La voix off qui lance le titre avec son accent indien, sa voix grave et puissante, à la manière d’une divinité douce et bienfaisante, « KharmaZOOOOOOOOOOoooooo », est juste parfaite !
Elle lancera quelques petites phrases à l’issue de vos parties. Personnellement je l’aurai bien entendu un peu plus souvent, durant les petits temps entre les levels, mais bon, je chipote

Bande annonce du jeu KarmaZoo