Test Blasphemous 2 : à la découverte d'une fusion entre mythologie et folklore
Acheter Blasphemous 2
Critique du jeu Blasphemous 2 sur Switch
Vers la fin de l'année 2019, le studio espagnol The Game Kitchen a décidé d’offrir aux joueurs une lecture du folklore religieux sombre, même sinistre. C'est ainsi qu'à vu le jour Blasphemous, un jeu de plateforme qui s'inscrit résolument dans la catégorie des metroidvanias. Le jeu plonge les joueurs dans un univers sombre, angoissant, énigmatique et résolument horrifique, s'inspirant de la mythologie andalouse, de la religion et d'autres thèmes similaires.
Il est indéniable que Blasphemous 2 a réussi à créer un véritable engouement. En effet, le jeu fût cet été, l'un des titres indépendants les plus attendus. Son mélange unique de metroidvania et de souls-like, combiné à un univers qui s'annonce tout aussi singulier et énigmatique, suscite une grande curiosité. Cependant, la question qui se pose est de savoir si cette nouvelle aventure infernale vaut réellement le détour, ou si elle nous laissera le cœur couvert de stigmates. Venez vivre votre chemin de croix (directionnelle) et découvrez le test de Blasphemous 2, un jeu disponible sur Steam, Nintendo Switch, PlayStation 5 et Xbox Series X depuis le 24 août, développé par The Game Kitchen, édité par Team17 Digital et astragon Entertainment, et distribué en France par Just For Games.
L'un des aspects marquants de Blasphemous 2, réside incontestablement dans ses thèmes alternants entre mythologie et folklore
Histoire
Blasphemous 2 débute son intrigue après les événements du dernier DLC du premier opus, "Woods of Eventide". Dans ce monde, une menace plane : un nouveau rejeton du Miracle, une puissante force destructrice, se développe dans un cœur suspendu dans les cieux au-dessus de la Cité du Nom Béni. Cette cité, désormais soutenue par d'immenses statues, se prépare à un jugement imminent qui suscite l'appréhension parmi son peuple hébété et pieux. En qualité de Pénitent, votre mission consiste à intervenir avant que cette nouvelle menace ne déclenche un cycle destructeur.
Le récit de Blasphemous 2, fidèle à son titre, plonge les joueurs dans un univers fantastique imprégné de références religieuses et mythologiques. La religion, altérée et déformée, occupe une place centrale dans ce monde énigmatique, suscitant à la fois un sentiment de fascination et de trouble. Le jeu parvient à maintenir une aura de mystère, en dépit de quelques révélations au travers de cinématiques animées et de dialogues épars avec des PNJ.
Le personnage principal, le Pénitent, demeure silencieux, son visage caché derrière un casque conique massif, symbole de son incessant pèlerinage. Malgré son long sommeil, il reste habile dans l'art du combat et de la magie, indispensables pour affronter les créatures perverties qui barrent sa route. Sa mission sacrée est de neutraliser la progéniture du Miracle, en poussant jusqu'aux cieux pour affronter des boss redoutables, avec pour objectif de briser les statues titanesques soutenant la cité, et ainsi décharger le fardeau d'un jugement imminent.
Comme son ainé, l’histoire se noie dans des oripeaux aussi élégants que brumeux, rendant l’univers un peu frustrant, car on sent toute la science, tout le folklore maîtrisé par l’équipe de développement, mais qui nous est délivré à travers des bribes tellement éparses, tellement sibyllines, qu’il en devient très difficilement déchiffrable. On avance donc dans une histoire qu’on devine plus subtile et plus complexe que ce qu’on en comprend. Ou alors c’est moi peut-être…
Game System
Pour ceux qui n’auraient pas fait le premier, Blasphemous est un jeu d’action plateforme typé retro gaming et métroid vania. Cela signifie que vous allez vous déplacer dans une grande map avec certains endroits qui seront inaccessibles la première fois que vous les croiserez, et auxquels vous pourrez accéder quand vous aurez débloqué tel ou tel pouvoir. C’est ce qu’on appelle le "backtracking", le fait de revenir sur ses pas pour atteindre des lieux jusqu’alors inaccessibles.
À cela s’ajoute une notion de Souls Like, c’est-à-dire une certaine difficulté qui vous obligera à mourir assez souvent, à cause d’un nombre limité d’objets qui vous redonnent de la vie. Pour la récupérer, vous devrez atteindre des checkpoints, mais à chaque fois que vous les activerez, tous les monstres tués reviendront à la vie.
Le concept du "die & retry", un cycle de jeu où la mort du personnage est intégrée au gameplay, revêt ici une dimension résolument religieuse, ce qui s'inscrit dans la trame du jeu. À chaque décès, une marque est laissée derrière nous, qu'il faut ensuite récupérer pour restaurer la vie et l'expérience perdues au combat. La subtilité réside dans le fait que Blasphemous 2 punit la mort plus qu'il ne l'utilise comme un moyen d'apprentissage pour le joueur. En effet, chaque décès entraîne une réduction permanente de notre jauge de magie. Il est possible, à un stade précoce du jeu, de racheter ses péchés auprès d'un PNJ, rétablissant ainsi l'ordre des choses contre une somme non-négligeable de la monnaie du jeu.
Même sans cette mécanique particulière, Blasphemous resterait un jeu assez exigeant, bien que loin d'être insurmontable. Les ennemis, dont beaucoup sont déjà connus du premier opus, ne font pas dans la dentelle. Chacun d'entre eux, même les plus faibles en apparence, représente une menace potentielle. Certains peuvent vous éliminer en quelques coups, sans vous laisser l'opportunité de riposter, si vous encaissez le mauvais coup en premier. Bien que cela puisse être surprenant pour des novices, le jeu est beaucoup moins difficile que certains de ces comparses Souls Like.
Les créatures abondent et prolifèrent littéralement de partout. Je n’aimerais pas habiter là-bas. Les moments de répit sont rares, et quand une salle semble vide, c'est soit parce qu'un piège ou une embuscade y est caché, soit parce que la pièce suivante vous réserve une épreuve difficile. Néanmoins, il n'y a aucune raison de se plaindre, car c'est précisément pour cela que nous sommes là, et faire face à des hordes de monstres fait partie intégrante du rôle du Pénitent. De plus, affronter cette ménagerie de créatures s'avère plutôt plaisant. Les commandes répondent très bien et les sensations de puissances dégagées lors des attaques rendent les combats grisants.
Il y a un nombre limité d’attaques et de combos, que vous allez pouvoir compléter au fur et à mesure que vous allez faire avancer votre arbre de compétence, mais celles-ci sont suffisantes, car vous allez alterner en une pression de bouton entre 3 armes.
Le Pénitent aura la possibilité de choisir parmi plusieurs armes en début de partie, mais il ne pourra en équiper qu'une seule à la fois. Ce choix initial influencera significativement la façon dont notre pèlerinage se déroulera, car les capacités de l'arme que nous possédons joueront un rôle crucial dans le déverrouillage de chemins spécifiques. Par exemple, le fléau, bien qu'il soit lent, offre une grande puissance et peut faire sonner des cloches pour ouvrir des passages et révéler des plateformes. En revanche, l'épée, plus polyvalente et capable de parer les attaques, nous permettra de détruire des ronces. Le choix initial de l'arme influencera donc à la fois votre approche des combats initiaux et le début de votre périple.
Chaque arme a son propre style de combat en situation de combat, offrant des attaques rapides, des capacités de parade, ou encore une portée différente. Il vous incombera de découvrir le style qui vous convient le mieux. Bien que l'arsenal ne soit pas très varié, les différences de gameplay entre les armes sont suffisamment marquées pour offrir une expérience de jeu diversifiée. Vous pourrez dépenser des points d'expérience pour acquérir des compétences passives ou actives qui modifieront considérablement votre façon d'aborder les combats. Par exemple, l’épée, que j'ai préféré utiliser lors de ce test, peut nous ponctionner une partie de notre vie pour infliger des dégâts supplémentaires. Les contres, qui sont d’habitude ma hantise dans ce genre de jeu, car nécessite une connaissance parfaite du pattern des ennemis, est ici assez simple d’utilisation et intuitive.
En plus des différentes armes à disposition, un assortiment de compétences magiques, de chants et d'odes vous sera accessible, que vous pourrez aisément interchanger après les avoir collectés au fil de vos explorations ou en les acquérant chez les marchands. Ces sorts offrent une diversité d'effets, allant de l'infligeance de dégâts à entraver vos adversaires, à la possibilité de vous soigner ou de renforcer votre résistance. En ce qui concerne les aspects statistiques, bien que le jeu ne suive pas une gestion conventionnelle de l'équipement, vous aurez la faculté d'utiliser des effigies. De petites figurines que vous trouverez disséminées sur le terrain ou que vous obtiendrez en échange d'objets auprès d'un sculpteur, elles apportent diverses améliorations de statistiques telles que l'accroissement de la puissance d'attaque, une plus grande résistance, ou une augmentation des gains de ressources, pour n'en citer que quelques-unes. Vous pouvez librement alterner entre ces effigies à votre convenance.
Les boss et les mini-boss ne sont pas en reste. Souvent très créatifs, les combats sont généralement intenses et captivants, à quelques exceptions près, et il est probable que vous ayez à les affronter à plusieurs reprises. Tout comme dans le premier opus, les développeurs fait preuve d’une belle créativité. Ces adversaires sont impressionnants, mais surtout, ils sont également redoutables pour la plupart, et chaque erreur peut être fatale. Il faudra faire preuve de calme, bien que la difficulté ne soit pas insurmontable. La plupart des patterns de combat sont clairs, et il n'est pas nécessaire de s'embarrasser de nombreuses stratégies complexes. Blasphemous est certainement difficile, mais il est loin d'être à classer parmi les jeux les plus durs de sa catégorie.
Tout au long de votre périple, vous croiserez de nombreux personnages non-joueurs, chacun proposant des services variés, dont l'utilité peut varier. Il vous incombera de démystifier les rôles de ces personnages, car le mystère et la curiosité fait partie à part entière de la découverte du jeu.
Le jeu épouse pleinement les codes du Metroidvania et Souls-like. Blasphemous 2 offre une expérience non linéaire dans un monde pratiquement ouvert. Dès le début, vous êtes libre d'explorer où bon vous semble. Les seules limites sont celles de votre équipement, car certaines zones nécessitent des compétences ou des armes spécifiques que vous devrez acquérir en progressant. Le choix de votre première arme détermine également la direction que prendra votre voyage. Il n'y a pas de chemin prédéfini à suivre, ce qui signifie qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon d'aborder l'exploration de ce vaste monde labyrinthique. Cela ajoute une dimension de rejouabilité pour les joueurs les plus déterminés qui pourraient être tentés de refaire l'aventure après avoir terminé le jeu, une rareté dans le genre des Metroidvania où les jeux ont généralement un chemin prédéfini avec un ordre spécifique pour déverrouiller les compétences et objets nécessaires.
Graphisme
Bon, tout ça, c’est bien beau, c’est très cool. Mais ce qui nous a tous attiré dans Blasphemous, c’est avant tout son univers d’une richesse et de ténèbres infinis. Et pour ce nouvel opus, la direction artistique reste exceptionnelle, avec un pixel art d'une grande maîtrise. Le studio excelle dans la création d'univers sombres, sanglants, troublants et captivants. Le monde de Blasphemous 2 surpasse même celui du premier opus, avec des environnements plus riches en détails, chaque PNJ, chaque lieu fait cohabiter le sacré et le profane, le divin et l’infernal. Quelle prouesse de détourner ainsi les codes de l’église pour rendre tout dérangeant, effrayant, avec juste quelques détails si bien choisi.
Juste un exemple, pas forcément le plus sinistre, mais qui m’a marqué de plein de manières. Pour retrouver votre pleine jauge de mana, vous pouvez rendre visite au confesseur qui en échange de quelques monnaies vous lavera de vos péchés. Il vous attend dans son confessionnal, au fond de son église, vêtu d’une soutane rouge si longue qu’elle parcourt toute l’église, jusqu’aux portes de l’édifice. C’est tellement élégant, et en même temps cela implique que cette personne ne bouge jamais, le rendant de fait monstrueux, et cela met le doigt sur une déviance de l’église, son opulence et son faste qui est contraire aux préceptes même du Christ.
Chaque personnage que vous allez rencontrer dispose de cette aura si singulière, repoussante sans être monstrueuse, mais juste agissant comme un miroir déformant et légèrement effrayant des préceptes et des critiques soulevées par la religion (le pouvoir, la dévotion, etc.).
Et ce que je viens de dire est également vrai pour les décors, si vertigineux, si fourmillant de détails… Le tout dans un style rétro gaming parfaitement intégré… Mais quelle merveille !
Bande son
Enfin, il est impossible de conclure ce test sans mentionner la superbe bande-son, qui est aussi délectable que celle du premier opus. L'OST maintient une ambiance sombre et propose des compositions à la fois épiques, métalliques et funestes, qui s'accordent parfaitement avec l'atmosphère du jeu.
Les pièces les plus notables sont bien sûr celles aux accents ibériques, quand la mandoline vient tinter avec la clarté de la pleine lune. C’est si beau que j’ai plusieurs fois laissé le jeu tourner sans bouger, juste pour admirer les décors majestueux avec la musique tellement à propos.
Surprise et déception, le jeu s’ouvre sur une voix off qui narre l’histoire en espagnol, donnant à l’immersion encore plus d’authenticité, mais par couardise je suppose, les développeurs n’ont pas osés doubler tout le jeu en espagnol et donc tous les textes hors cinématiques sont en anglais. Quel dommage !!! Pourtant, une option est activable dans le menu pour choisir version anglaise ou espagnole. Pourquoi ne pas avoir assumé cette excellente initiative ?
Mon avis concernant Blasphemous 2 sur Nintendo Switch
Blasphemous 2 représente une réussite indéniable. Que vous ayez déjà été séduit par le premier volet de cette aventure ou que vous soyez nouvel arrivant, l'accès à cet opus se fait de manière fluide. Le gameplay, à la fois accessible et exigeant, offre un équilibre entre la difficulté présente sans être insurmontable. L'exploration du vaste monde du jeu est un véritable plaisir, même si par moments, il est facile de se perdre dans ses méandres. L'un des aspects marquants de Blasphemous 2, réside incontestablement dans ses thèmes alternants entre mythologie christique et folklore Andalou; une perspective relativement rare dans le monde du jeu vidéo. De cette approche, découle une direction artistique raffinée et d’une musique qui résonne avec grâce dans tous les sens du terme. N’attendez plus pauvres pêcheurs, et venez laver votre âme impure à grande eau bénite avec Blasphemous 2.
Ce qu'il faut retenir
Les points forts de Blasphemous 2
- - Un art visuel et musical d’une grande richesse
- - Un univers sombre même quand il ne dépeint pas des monstres et des cadavres.
- - Un gameplay simple et exigeant qui conviendra au plus grand nombre
Les points faibles de Blasphemous 2
- - Assez classique pour ceux qui ont déjà fait le tour de tous les metroidvania
- - Pourquoi ne pas avoir tout doublé en espagnol ?