Test Gloomhaven sur PC. L'adaptation numérique du fameux jeu de plateau

Critique du jeu Gloomhaven sur PC

Histoire

Au Lion Assoupi, la taverne qui sert de refuge aux aventuriers des quatre points cardinaux, vous vous installez et commandez à manger. Vous savez qu’il ne faudra pas longtemps pour que quelqu’un vous remarque et vous propose une mission, contre monnaie sonnante et trébuchante bien sûr. Il faut dire que vous n’êtes pas seul, et votre petite troupe en impose. Des baroudeurs de tout poil, c’est le cas de le dire, qui ont déjà pas mal rouler leur bosse à travers tout le continent : un Inox, sortes de gigantesque troll velu et agressif, un Quatryl, petite créature agile, savante et qui compense son manque de muscle par sa capacité à s’associer avec des mercenaires, et une humaine robuste et discrète.
Bientôt, après avoir pris le temps de vous observer sous toutes les coutures, Jekserah une riche marchande s’approche de vous, s’attable sans cérémonie à vos côtés et vous appâte immédiatement par des promesses de richesses et de pouvoirs. Pas de doute, elle vous a bien cernée. Débute alors votre périple dans les contrées inhospitalières et votre compagnie prend alors toute sa place dans la destinée de Gloomhaven.

Votre quête sera narrée par une voix off qui vient mettre du relief à une série de texte très bien écrit. (je vous rappelle que Gloomhaven est un jeu de société à la base, il y aura donc beaucoup de background sous forme de texte, et pas de cinématique). La qualité de la narration très fluide et élégante, associée à la traduction d’excellente facture, permet une immersion et un intérêt pour le scénario que n’a pas tous les jeux du genre.

Ce jeu est un Dungeon Crawler, c’est-à-dire un jeu d’aventure dans lequel vous allez affronter des séries de monstres en échanges de butins et d’expérience. Très classique donc, à la manière d’un HeroQuest. Mais dans Gloomhaven, il faut prendre en compte la notion de campagne. C’est-à-dire qu’en plus de la partie action, vous aurez un scénario riche, qui va vous demander de faire des choix qui auront bien sûr, une influence sur le déroulement de votre campagne, sans parler de votre équipe qui va évoluer en fonction de l’avancement de vos personnages. Et en plus de votre aventure de base qui dispose d’un solide scénario, d’une centaine de quêtes et d’un environnement très riche, peuplé d’un bestiaire foisonnant, presque 20 personnages jouables tous très variés, il faut compter sur une mise en scène de votre compagnie qui va vous permettre de réellement vous immerger dans l’univers du jeu. Et tout cet environnement se fait au profit d’un jeu d’une grande profondeur.

Gloomhaven propose un subtil mélange de stratégie, de jeu de rôle et d’exploration de donjons

Game System

Gloomhaven est comme je l’ai dit en introduction, la version vidéoludique du jeu de société du même nom. Vous pouvez d'ailleurs lire notre avis sur Gloomhaven sur Consollection.
Dans sa forme, il s’agit d’un dungeon crawler : vous avancez dans une série de salles qui disposent de monstres et de pièges, que vous allez devoir affronter pour ouvrir de nouvelles salles, et ainsi de suite.
Si son fond est donc très classique, sa forme, quant à elle, est absolument unique. Il s’agit d’un deck building, un jeu dans lequel vous allez composer votre tas de carte qui sera les actions que vous pourrez faire. 

Vous commencez avec 6 personnages de bases, mais vous pourrez en débloquer jusqu’à 17. Chaque personnage dispose d’un deck unique et très différent les uns des autres. Votre personnage commence au level 1 et peut monter avec de l’expérience jusqu’au level 9. À chaque passage de niveau, il débloque de nouvelles cartes, en plus d’avoir un peu plus de points de vies.
Mais votre personnage peut transporter un nombre limité de cartes, c’est là que réside tout l’intérêt du deck building et c’est là que se joue toute votre stratégie. Bien sûr, chaque carte dispose de capacité unique, du simple déplacement ou attaque jusqu’aux sorts et autres compétences les plus originales. Chaque carte dispose de 2 capacités indiquées en haut et en bas de la carte. À chaque action, vous allez devoir jouer 2 cartes, et utiliser pour chacune de ses cartes soit l’action du haut, soit celle du bas (en sachant que vous ne pouvez pas utiliser les 2 actions du haut, ou les 2 actions du bas, il faut alterner).
Cela parait un peu compliqué dit comme cela, mais cela se joue très bien.

Quand vous utilisez des cartes, vous devez les défausser. Une fois que vous n’en avez plus en main, vous devez vous reposer pour pouvoir récupérer vos cartes défaussées. Mais attention, en faisant cela, vous devrez cramer une de vos cartes qui disparaîtra totalement de votre deck pour le reste du scénario.
Avec ce système, vous allez devoir rester en mouvement, car votre deck fond vite, chaque personnage dispose d’en moyenne 10 cartes, vous n’aurez pas le loisir de squatter dans une salle pour récupérer tranquillement tout l’or qui traîne. Chaque action vous rapproche vers la fin inexorable de votre deck. Vous devrez donc impérativement finir chaque mission dans un temps imparti en fonction de votre nombre de cartes.

En sachant que vos cartes, en plus de vos actions de bases, et de l’obligation de les cramer à chaque repos, vous permet également de vous protéger à chaque blessure que vous prenez, et certaines cartes très puissantes sont cramer à leur première utilisation, réduisant d’autant plus vite votre deck.
Les cartes ont une dernière utilité : elle indique l’initiative et donc qui joue en premier. Vos cartes disposent d’un score d’initiative, compris entre 1 et 98, et lorsque c'est à votre tour de jouer, vous devrez choisir parmi vos deux cartes quel score d’initiative vous voulez utiliser. En sachant que commencer tôt dans un tour n’est pas toujours la meilleure solution, il est parfois bon de temporiser vos actions.

Les combats se déroulent de manière très calculée. À chaque tour, vous allez devoir choisir vos deux cartes actions, et quand chacun des personnages qui compose votre compagnie a choisi ses cartes, les ennemis annoncent leurs actions. Ils ne font pas que frapper, ils peuvent aussi se défendre, bloquer, faire des sorts, ou des effets. Vous connaissez les actions des ennemis ainsi que leur initiative une fois que vous aurez sélectionné vos cartes. Chacun à leur tour va donc effectuer ses actions.
Quand vous attaquez, ou que l’ennemi attaque c’est pareil, vous faites les dégâts indiqués sur la carte PLUS une carte de modificateur d’attaque. Vous tirerez donc des cartes qui modifieront légèrement les dégâts (+0, +1, +2, -1, -2, x2 ou attaque ratée). En sachant que ce deck de modificateurs va être amélioré au fur et à mesure que vous gagnerez en level.

Il y a tellement de paramètres à prendre en compte que je ne vais pas en faire la liste exhaustive ici. Entre les effets actifs comme le poison qui permet de faire plus de dégâts, ou le saignement, les effets passifs comme l’indivisibilité ou le renforcement qui permet de tirer 2 modificateurs de combats au lieu d’un et de choisir le meilleur, les 6 éléments (feu, froid, obscurité, lumière, air et terre) que produisent certaines cartes et qui permettent d’avoir des effets améliorés… d’une richesse et d’une profondeur hallucinante, et un vrai bonheur de réfléchir à chacune de vos actions pour faire des combinaisons puissantes en jouant sur la synergie de vos persos. 

Les premières parties vous demanderont donc un peu de tâtonnement concernant vos possibilités d’action, mais l’équilibrage de ce jeu est juste incroyable de justesse et de précision.
Dans Gloomhaven, vous allez constituer une compagnie qui va évoluer dans le jeu. Chaque personnage va gagner de l’expérience et se renforcer en achetant des objets toujours plus puissants chez le marchand avec l’or ramassé pendant les missions, en augmentant le choix des cartes qui composeront votre deck… et chaque personnage se dirige inéluctablement vers sa retraite. À la création de votre personnage, vous lui choisirez une quête personnelle (par exemple, tuer certains monstres ou acquérir certains objets). Une fois cette quête accomplie, votre personnage n’aura plus de raison de parcourir le vaste monde avec vous et se retirera pour prendre un repos bien mérité, et ce faisant, il débloquera une nouvelle classe de personnage.

L’interface du jeu reprend toutes les mécaniques du jeu de société. Le passage du jeu vidéo permet une plus grande rapidité de jeu, les missions s’enchaînent plus vite. En revanche, la lecture des cartes est plus aisée avec un petit éventail de carte entre ses doigts. De gros efforts ont été faits, comme la possibilité de voir toutes ses cartes sur l’écran, ou de survoler le nom de ses cartes pour afficher la carte complète. Du coup, le travail sur l’ergonomie permet au bout d’un certain temps de se familiariser avec les cartes, et même si c’est plus agréable de les parcourir en carte réelle, cela fonctionne très bien.

De nombreux petits mécanismes de jeux très simples en partie (comme le choix de l’initiative par exemple), peuvent vite être oubliés en mode jeu vidéo. Et comme tout est calculé, vous risquez, surtout au début, de faire pas mal de petites erreurs. Mais les développeurs, conscients de la complexité de chaque tour de jeu, ont mis au point la possibilité de revenir au début du tour, sans malus, sans contrepartie, et autant de fois qu’on le souhaite. C’est une très bonne initiative de ne pas pénaliser le joueur à cause d’un problème de manipulation d’interface.

Je vous ai brossé un aperçu de ce qu’il est possible de faire dans le jeu, mais sachez juste que vous allez pouvoir jouer très longtemps pour maîtriser toutes les classes de personnages, de tester toutes les combinaisons possibles entre les différents persos, de rencontrer tous les ennemis et tous les boss… C’est un jeu qui vous demandera du temps et de l’investissement pour être vraiment maîtrisé, mais le plaisir de jouer à Gloomhaven vaut largement cet investissement.
Dernier petit point, sur ma version preview, certaines traductions, notamment tout ce qui concerne le didacticiel n’est pas encore traduit. Si le niveau d’anglais requis n’est pas énorme pour comprendre les règles (pour l’histoire, c’est autre chose), on espère que dans la version définitive tout sera aussi bien traduit que pour le scénario.

Graphisme

Les graphismes de Gloomhaven jeu vidéo sont très agréables. Je trouve que le design général se prête beaucoup mieux à une version papier qu’à une version 3D. Mais force est de reconnaître que la qualité de la transposition du support artwork au support vidéoludique est excellente.

De gros efforts ont été faits pour rendre ce jeu lisible; c’est un écueil qui me faisait craindre pour cette adaptation, vu la quantité d’informations qu’il faut avoir en tête en jouant (les caractéristiques de vos personnages, vos objets, vos cartes, les cartes des monstres, et tout le reste). Tout est très bien réparti à l’écran, en survolant de sa souris tel ou tel item, on ouvre une fenêtre qui donne les détails. C’est lisible et efficace.
Le jeu, doté d’un univers bien à lui, a été bien modélisé, mais également assez bien animé dans l’ensemble.
Clairement, on ne joue pas à Gloomhaven pour ses graphismes, mais jamais ces derniers ne nuisent à la fluidité des parties !

Bande son

Les musiques et les bruitages sont assez discrets, mais la voix du narrateur qui met en valeur la prose du jeu est toujours très juste, très bien posé et participe grandement à l’ambiance du titre.

Bande annonce du jeu Gloomhaven