Test du jeu Black Skylands. Une merveilleuse aventure entre ciel et terre
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Critique du jeu Black Skylands sur PC
Comme je descendais des cieux impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des pirates criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les cieux m’ont laissé descendre où je voulais.
Commencer un test avec quelques vers de Rimbaud, ce n’est pas tous les jours que nous en avons l’occasion. Mais ceux-ci résument de manière plus élégante que je ne le puis, l’ambiance de Black Skylands, un jeu emporté par une ambiance aérienne de flibusterie et d’exploration
Je vous explique tout, avec le test de Black Skylands, un jeu développé par le studio russe Hungry Couch Games, et édité par Tiny Build (Party Hard 2, Speedrunner), disponible en accès anticipé depuis le 9 juillet 2021 sur PC via Steam.
Black Skylands est un jeu riche et varié, qui offre aux joueurs une vraie sensation de liberté
Histoire
À une date inconnue, le monde a pris une tournure inattendue. Envahie de créatures gigantesques, l’humanité fut contrainte de se réfugier dans les cieux.
Vagabondant d’îlots flottants en îlots flottants, des communautés se sont ainsi formées, portées au gré des vents, et vivant dans une harmonie relative. Mais l’humanité restant ce qu’elle est, une communauté factieuse a choisi de prendre les armes contre ce mode de vie paisible et tend à prendre le contrôle de ce qui reste de civilisation.
Eva, la fille d’un explorateur, tente tant bien que mal de résister avec les siens et poursuit avec son frère l’exploration de ce monde si mystérieux : des origines de ces créatures impitoyables jusqu’aux racines des factions pirates, vous allez devoir faire preuve de courage, d’astuce et de détermination pour remettre de la paix dans ce chaos.
L’histoire du jeu m’a beaucoup fait penser à Nausicaä de la Vallée du Vent, un film d'animation réalisé par le merveilleux Miyazaki. Le rapport entre monstre naturel, civilisation terrée, communauté pirate et pollution de la terre… L’ambiance même oscillant entre steampunk et grands espaces aériens n’est pas sans rappeler une autre œuvre du grand réalisateur : Laputa, le château dans le ciel.
C’est une vraie promenade à la fois relaxante à travers les paysages aériens, et exigeante, nécessitant sang-froid et patience. L’histoire vous est narrée à travers les dialogues plutôt bien écrits, des bribes de livres disséminés çà et là. Contrairement à beaucoup d’œuvres qui jouent sur le cryptique pour fonctionner, la narration de Black Skylands a bénéficié d'un travail sérieux et appliqué. On nous explique tout un tas de choses intéressantes concernant l'exposition de l’environnement et ses enjeux, sur le passé des personnages avec des flashbacks, etc. Cela donne de la profondeur à une œuvre qui s’appuie avant tout sur un gameplay accrocheur.
Game System
Black Skylands est un jeu puisant son gameplay dans plusieurs types de jeux : le RPG d’exploration type Zelda, l’open world, le twin stick arena type Hotline Miami ou plus récemment The Ascent.
Chacun de ses styles a été bien digéré par l’équipe et permet de vivre une expérience ludique très fun avec des bases déjà bien établies, sans pour autant avoir l’impression de jouer pour la énième fois à une copie d’une copie d’une copie.
Le jeu vous demande de suivre une trame scénaristique précise, allant de PNJ en PNJ au gré de l’histoire afin d’avancer dans celle-ci. Ce faisant, vous êtes totalement libre d’explorer le vaste océan de nuage qui compose votre univers, et passant tout votre temps à jouer les explorateurs et récupérer un max de ressources pour vous renforcer.
Le jeu se décompose en deux types de gameplay qui se marient parfaitement, et qui ne sont jamais vraiment séparés : le jeu a pied et celui à bord de votre vaisseau.
À pied, vous allez avoir toute la panoplie classique du top down c’est-à-dire un stick pour vous déplacer, un stick pour viser avec plusieurs armes !
Le deuxième type de gameplay est celui de votre vaisseau, très proche de ce qu’on peut trouver dans l’excellent Lovers In Dangerous Spacetime. C’est-à-dire, un vaisseau avec une grosse inertie qu’il va falloir apprendre à maîtriser, et des armes positionnées sur les côtés de votre vaisseau que vous activez avec les gâchettes gauches et droites en fonction de l’endroit où vous souhaitez tirer.
Si chacun de ces styles est très bien fait, c’est surtout le mélange des deux qui est fun ! Car dans votre vaisseau, vous pourrez pilonner les ennemis qui se trouvent sur terre, et à pied, vous pourrez vous faire attaquer par des créatures ou des vaisseaux volants.
Cette particularité rend le jeu riche, varié, et donne une vraie sensation de liberté autant dans les déplacements et l’exploration, que dans la partie combat et les stratégies que vous pourrez déployer en fonction de vos ennemis.
Mais attention, ne pensez pas que vous êtes en sureté sur votre vaisseau ! Il a bien entendu une barre d'énergie, mais un sniper un peu zélé pourra faire mouche entre vos deux yeux si vous restez un peu trop statique.
En outre, pour faire corps avec votre vaisseau, vous allez devoir interagir directement avec lui de plusieurs manières : le réparer quand il se prend trop de dégâts, remplir son réservoir d’essence, éventuellement refroidir manuellement vos canons quand ils surchauffent et j'en passe ! Le tout se faisant manuellement, vous devrez avoir le matériel à bord, vous déplacer jusqu’à l’endroit abimer pour le réparer, tout cela bien sûr en étant loin des commandes ce qui fait que votre vaisseau est inerte et donc à la merci des ennemis ! C'est un bon compris entre arcade pur et sensation de réalisme.
Une autre grosse particularité du jeu concerne le grappin, et ceux qui ont l’expérience du jeu vidéo savent à quel point avoir un grappin, c’est ULTRA COOL. Je pense à Flinthook, Tenchu, Zelda et tous les autres jeux qui l’utilisent. Le grappin vous permettra de passer de votre vaisseau à la terre, mais également de vous balader d’iles en iles si elles sont suffisamment proches, ou encore d’attirer vos ennemis en leur occasionnant de gros dégâts.
Outre le scénario, vous allez passer une grosse partie de votre temps de jeu à développer le vaisseau principal appelé vaisseau Père (patriarcat, quand tu nous tiens…), à construire des jardins pour récolter des plantes, ou des ranchs pour les animaux, ou alors des fabriques d’armes ou de vaisseaux. Tout ceci permettra de crafter des armes, des améliorations d’armes, des vaisseaux, de nouveaux équipements pour vous protéger, ou des accessoires (pour ralentir le temps sur un court instant).
On reste dans du classique, mais du classique très complet, et très digeste.
Le matériel pour crafter les objets sont situés un peu partout dans les îles avoisinantes, petite mention au passage du bon gout des développeurs d’avoir fait apparaitre sur la carte les ressources à récupérer, nous faisant gagner un temps précieux et économisant de nombreuses manœuvres inutiles.
Plus vous fabriquerez des objets et un vaisseau puissant, plus votre niveau indiqué sur votre carte augmentera. Ce niveau vous permet de faire une estimation de votre capacité à prendre d’assaut une île tenue par les factions pirates. Chacune d’elles ayant un score terrestre et aérien, à vous de voir si vous êtes au niveau ou pas. Un bon joueur pourra ainsi affronter des iles redoutablement plus fortes que lui, tandis que les timorés iront recueillir de nombreuses ressources pour se renforcer avant.
Les ennemis quant à eux sont assez variés : tourelles, vaisseaux, ennemis à pied. Chacun ayant des armes différentes, et donc une manière d’approche différente. Il faut savoir observer, se servir intelligemment du terrain pour ne pas mourir car le jeu, s’il n’est pas punitif dans la mort (vous recommencez à votre base, sans autre forme de malus), requiert tout de même un peu de savoir-faire, surtout si vous souhaitez attaquer des iles mieux armées que vous.
Chaque île libérée du joug des pirates vous donnera accès à un certain nombre de mains-d'œuvre qui vous permettra d’augmenter encore une fois certaines capacités (accès à une lampe torche, refroidissement accéléré de vos canons, dégâts dans le dos augmentés, etc.). Il faut donc veiller à ce que vos îles ne soient pas reprises par l’ennemi sous peine de perdre ces ressources et les augmentations qui vont avec.
Pour résumer, vous avez un jeu varié, avec un scénario intéressant et des personnages attachant, proposant une approche qui s’adaptera à votre style de jeu, en fonction de l’arme choisie sur votre vaisseau, votre vaisseau lui-même. Prendrez-vous un frêle esquif maniable et agile, ou une forteresse volante ? À moins d’être absolument retissant à toute forme d’exploration ou de craft, Black Skylands est une valeur sûre !
Graphisme
Black Skylands propose du retro gaming typé 16 bits de très belle qualité. Le pari était risqué de faire un jeu en 2D vue du dessus sur un jeu aérien, car voir du vide tout le temps aurait été lassant.
Mais une profondeur de champ obtenu grâce à un défilement en parallaxe des sprites, quelques éléments du décor qui viennent crédibiliser l’univers (par exemple des créatures absolument gigantesques, devinées dans le lointain), et un système de grotte vous poussant à l’exploration... Tout cela contribue à l’univers riche et crédible.
Les graphismes sont une force du titre à n’en pas douter : le cycle jour nuit et les effets météorologiques, le chara design de la technologie steampunk, depuis le menu pause avec la carte et les différentes fenêtres de gestion directement implantées dans votre tablette jusqu’aux différents bâtiments et armes...
Bande son
Malheureusement, la bande-son de Black Skylands se montre trop en retrait. Les musiques ne sont pas désagréables, mais très discrètes, très répétitives, surtout dans un jeu d’exploration qui vous oblige donc à prendre votre temps.
Les différents effets sonores sont également en dessous du niveau général du titre.
Mon avis concernant Black Skylands sur PC
Black Skylands vous transportera dans son univers mirifique, peuplé de créatures gigantesques et de pirates avides, vous permettant de vous délecter grâce à un gameplay réglé au poil, à des combats dynamiques, à l'exploration étourdissante et à des mystères insondables.
J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
Ce qu'il faut retenir
Les points forts de Black Skylands
- - Un mélange d’action terrestre et aérienne
- - Un système de craft simple et complet
- - Une variété dans les ennemis et les environnements
Les points faibles de Black Skylands
- - Des musiques et effets sonores sans plus
- - Collecter des ressources, peu devenir lassant