Test Ghosts 'n Goblins Resurrection. Un remake toujours aussi exigeant
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Critique du jeu Ghosts 'n Goblins Resurrection sur Switch
Nous sommes en septembre 1985. Vous veniez de découvrir Retour vers le Futur au cinéma, et sur le chemin du retour le tout nouvel album de Megadeth "Killing Is My Business... and Business Is Good!". Sur le chemin, vous découvrez une borne d’arcade Ghost’n Goblins pour la première fois de votre vie !
Naïvement, piqué au vif par ses graphismes chatouillant, vous glissez une pièce dans la fente de la machine… vous allez découvrir qu’un jeu peut vous aimer et vous détester à la fois. Pourquoi ça ? Réponse, 36 ans plus tard, avec le test de Ghost ‘n Goblins Resurrection, un jeu développé et édité par Capcom, sorti exclusivement sur Nintendo Switch depuis le 25 février 2021.
Non content d’avoir créé une franchise qui n’a pas pris une ride, Capcom a réussi l’exploit de lui faire peau neuve sans rendre obsolète leur jeu original
Histoire
Plongé dans le regard bleu acier de Guenièvre, caressé par le murmure de l’herbe et le chant du vent, tout ici est harmonie et tendresse. Troublant avec fracas la volupté de ce moment de poésie, le sol s’ouvre devant vous, crachant des enfers ses enfants impies, creusant depuis les ténèbres leurs noirs desseins. Nimbés de flammes, les ailes déployées comme des voiles dans un céleste grondement, c’est alors que… que…
Bon, c’est vrai. J’en rajoute un peu parce qu’il n’y a pas vraiment de scénario. Vous êtes le bon roi Arthur, armé de son fidèle caleçon à fleurs et vêtu de sa puissante lance (ou bien est-ce l’inverse ?), et vous allez devoir arracher des griffes du démon votre bien aimé Guenièvre.
Oui, dans Ghosts 'n Goblins Resurrection il n' a pas de scénar, mais contrairement à Sir Lovelot, on est en 1985 !
Game System
Ghosts 'n Goblins Resurrection est un audacieux mélange entre remake et renouveau de deux jeux Ghost ‘n Goblins (le jeu d’arcade qui a été adapté sur nes) et Ghouls 'n Ghosts (la suite adaptée sur Megadrive, sortie en décembre 1988).
Autant être franc avec vous; si j’ai beaucoup joué aux épisodes Megadrive, et Super Nintendo, renommé en Super Ghouls'n Ghosts (disponible sur la console virtuelle de la Switch d'ailleurs), je n'avais pas eu le bonheur de finir ces jeux, pour moi, du temps de mes 10 ans. Mais cette série m'a accompagné depuis tout ce temps dans mon parcours de gamer : je pense à la musique, les graphismes, l’humour, etc.
Et déjà dans les premiers pas du premier niveau, c’est un petit bouleversement de retrouver Arthur, sémillant du haut de son grand âge, bondissant avec toujours autant de hardiesse et de rigidité (j’y reviendrai.), aux notes si emblématique et si inoubliable !
Le jeu a conservé tout ce qui faisait les caractéristiques de la série, mais comme je le disais, nous ne sommes pas vraiment sur un nouveau jeu, mais pas sur un simple remake HD. Capcom a voulu faire vivre une expérience agréable autant pour le vieux fan que je suis que pour le petit jeune qui découvrirait la série (ou même le vieux qui ne connaît pas la série d’ailleurs… voir le jeune qui est fan depuis longtemps… Bref, vous m’avez compris !)
Ghosts 'n Goblins Resurrection reprend donc les mécaniques et les environnements des deux jeux cités. Mais cette fois-ci, vous allez choisir votre itinéraire, et même pouvoir revenir en arrière pour refaire un niveau.
Les niveaux sont donc des réminiscences des niveaux que vous aviez parcouru quelques dizaines d’années auparavant, mais sont en même temps, des créations originales. Vous serez donc en terrain connu, mais avec le plaisir de la découverte et de l’exploration.
Au niveau de la maniabilité, là encore nous sommes sur de l’emblématique, c’est-à-dire que Ghosts 'n Goblins Resurrection est un run ‘n gun impitoyable. Vous ne pouvez porter qu’une seule arme à la fois, que vous allez lancer sur l'ennemi pour lui faire des dégats. et avant de pouvoir retirer à nouveau, il faut que les munitions disparaissent de l’écran, vous incitant de fait à tirer proches des ennemis pour enchainer beaucoup plus rapidement les attaques. En fonction de votre arme, vous pourrez avoir plus ou moins de projectiles visibles. La lance permet d'avoir 2 projectiles en même temps, l’arc seulement 1 et le couteau 4. On voit ici un défaut du jeu original qui n’a pas vraiment été corrigé, les armes sont inégales, et une fois que vous avez le couteau, vous n’en changerez pas, car c’est l’arme la plus polyvalente et la plus efficace. Dommage, car toute la panoplie est là : l’eau bénite, le bouclier… plus quelques nouvelles mais bon, le couteau est vraiment au-dessus des autres.
Il faut bien sûr parler du saut, car pour les joueurs qui découvriraient le jeu avec cet opus, ça va vous faire un choc : on ne peut pas se contrôler une fois qu’on a sauté. Cela veut dire que vous devrez finir votre saut dans la direction que vous avez initiée. Ajoutez à cela le fait de ne pas pouvoir moduler la hauteur de son saut, et vous avez le pire saut de l’histoire du jeu vidéo.
Le pire ? Oui et non, car s’il est bien sûr frustrant de devoir jouer avec ce saut, tout le level design est construit autour de cette mécanique si particulière.
C’est là que prend tout son sens l’expression que j’ai utilisée : Ghosts 'n Goblins Resurrection est un jeu qui vous déteste autant qu’il vous aime.
Car ce jeu a été codé avec soin, avec minutie, avec talent… pour vous frustrer et vous rendre fou ! C’est un véritable die and retrie, c’est-à-dire que le jeu est pensé pour vous faire tomber dans les pièges qu’il vous tend à chaque centimètre.
Les ennemis pop de partout, les plateformes disparaissent sous vos pieds, les sauts demandent une précision de chirurgien. Et tout cela se fait sans que jamais on se sente face à un problème insurmontable. Le jeu est juste, mais vicieux. Et il est vicieux avec tellement d’humour et d’imagination qu’on lui pardonne tout.
Pour illustrer cela : un des éléments les plus marquants de la série, c’est l’énergie d’Arthur. Ici, vous n’avez pas de points de vie à proprement parler, mais une armure. Prenez un coup et vous vous retrouverez en caleçon (très joli motif à cœur d’ailleurs), un deuxième coup et vous serez un petit squelette tout blanc. Retour au dernier checkpoint.
Et lorsqu’on se retrouve en caleçon, le seul moyen de retrouver son armure, c’est de faire apparaître un coffre. Les coffres qui n’apparaissent que si vous tirez ou sautez à un endroit précis (mais qui n’est jamais indiqué bien sûr). Et dans ces coffres, il peut y avoir des armes, la fameuse armure ou… le vilain sorcier qui vous transforme en grenouille, en tortue ou en ballon ! Ce n’est pas le plus fameux troll de l’histoire du jeu vidéo ça ? Dans un jeu ultra dur, la possibilité de récupérer un misérable point de vie peut aussi vous transformer en grenouille !
Quand je parle de difficulté, dans ce Ghosts 'n Goblins Resurrection, Capcom a été moins lourd que sur les jeux passés. C’est ici que va prendre tout le sens de renouveau de la série, car plusieurs éléments vont considérablement alléger votre aventure.
Tout d’abord, le niveau de difficulté que vous pourrez choisir ! En prenant la difficulté la plus haute nommée Paladin, vous aurez droit à la difficulté originale c’est-à-dire un coup vous serez en caleçon et l’autre vous serez morts. Ils ont ajouté cette trois niveaux pour autant de points de vies supplémentaires. Sachez qu’au niveau de difficulté la plus basse, vous n’aurez pas accès à tous les lieux, je vous invite donc à jouer avec la difficulté Écuyer pour commencer. Bon même là, vous allez roter du sang, je vous préviens.
La grosse nouveauté se situe dans un arbre à compétence que vous allez débloquer en récupérant des fées disséminées dans les levels. Plus vous en récupérer, plus vous débloquerez de compétence que vous allez choisir. Certaines sont issues directement des armures magiques de l’épisode Ghoul ‘n Ghost (l’éclair, faire apparaître un double…), d’autres sont toutes nouvelles comme se transformer en pierre, transformer les méchants en grenouilles (niark niark niark !!! vengeance !!!). Ces possibilités allègent fortement la difficulté et permettent également de tenter différentes approches face à un endroit qui vous tient en respect.
Le jeu est pensé pour vous pousser dans vos retranchements, mais parvient toujours à se faire pardonner, les checkpoints sont assez proches les uns des autres pour permettre de progresser dans le jeu sans trop de frustration. Et il n’y a pas de vies comme dans les autres, vous recommencerez du checkpoint aussi souvent que vous souhaitez.
Si le jeu vous aide beaucoup sur bien des points, il se montre en revanche impitoyable au niveau des boss ! Non seulement, ce sont de vrais sacs à PV, mais en plus, leur pattern sont beaucoup moins simplistes que dans les jeux précédents. Il y avait d’ailleurs une sorte de paradoxe, car dans les jeux Ghosts 'n Goblins des années 80, la vraie difficulté venait des niveaux, et les boss étaient assez simple. Ici, la difficulté vient surtout des boss... ( bon faites gaffe quand même en y allant, y a toujours un salopard de squelette qui pop quand on s'y attend pas !).
Et si vous avez la chance d’avoir des amis ou de la famille, vous pourrez jouer avec le tout nouveau mode coop ! Ce dernier est assez original, à la manière de Tail que vous contrôliez dans Sonic the Hedgehog 2 (1992), vous incarnez un fantôme qui va aider le premier joueur. En flottant dans les airs, vous pourrez alterner entre Barry, Kerry et Archie qui pourront aider chacun à leur manière Arthur dans son périple. Chacun ayant leur attaque et leur atout, ces derniers seront très utiles et permettront par exemple de créer un bouclier de protection autour d’Arthur, de le porter pour le faire voler sur une courte période et lui faire éviter ainsi obstacles ou monstres, et enfin le dernier peut carrément créer de nouvelles plateformes.
Un ajout très appréciable et qui permet de diminuer encore la difficulté du jeu sans la rendre accessible sans effort pour autant.
Graphisme
Si au niveau du gameplay on est sur un sans-faute, la charte graphique m’a laissé un peu perplexe. Les sprites sont très fins, que ce soit au niveau des décors que des personnages, mais l’animation me fait penser à un jeu flash, comme dans le jeu Zombotron, c’est-à-dire que chaque partie du corps est animé individuellement. Cela donne un aspect bizarre, un peu cheap. Cela se voit notamment au niveau de la course, on a l’impression qu’Arthur flotte en agitant les pieds plus qu’il ne coure vraiment.
Toujours pour rester dans ce choix un peu particulier, le jeu s’ouvre sur un parchemin médiéval sur lequel se dessine la cinématique, le titre… Mais les couleurs apparaissent sous forme de taches d’encre, de manière moderne (un peu à la manière de l’encre de Street Fighter IV un autre titre de Capcom). Sauf qu’ici, ça ne va pas ensemble, on ne dessine pas à la tâche d’encre sur un parchemin… Il y a quelque chose qui ne colle pas.
Je vous rassure, on s’y fait très vite, et notre attention sera bientôt focalisée uniquement sur l’incroyable travail fait sur les décors, sur le bestiaire immense et haut en couleur du jeu ! Chaque level dispose souvent de plusieurs environnements distincts, avec chacun son bestiaire unique, surprenant et original, et surtout chaque monstre aura ses propres attaques, ses propres surprises !
Les boss quant à eux sont toujours aussi magnifiques, démesurés dans leur taille, mais surtout dans leur difficulté !
Bande son
L’ambiance sonore est magnifique, et les musiques ont été retravaillées sans êtes dénaturé. On reconnaît bien sûr les airs totémiques de la série, mais le tout accompagné cette fois de cordes, de cuivres, et d’une trame sonore globale exempt de défaut. Cela fait partie des jeux dont l’expérience vidéoludique passe par le son, hors de question en l’occurrence de couper la musique pour y mettre vos propres pistes, même si c’est faisable, car ici, on peut choisir le volume des effets sonores et de la musique.
Mon avis concernant Ghosts 'n Goblins Resurrection sur Nintendo Switch
Avis aux amateurs du genre, aux anciens comme aux nouveaux, Capcom a démontré une nouvelle fois son savoir-faire. Non content d’avoir créé une franchise qui n’a pas pris une ride, il a réussi l’exploit de lui faire peau neuve sans rendre obsolète leur ancien jeu. Oui Ghost ‘n Goblins est dur, exigeant et semble prendre plaisir à vous troller, mais c’est tout à la fois un jeu fait avec passion, intelligence, et qui vous obligera à vous surpasser pour en venir à bout… Une petite surprise à la fin du jeu vous attend. Ceux qui connaissent la série savent de quoi je parle ;)
Ce qu'il faut retenir
Les points forts de Ghosts 'n Goblins Resurrection
- - Faire du neuf avec du vintage
- - Une difficulté qui n’est plus discriminante, mais juste exigeante
- - Cette musique mon dieu, cette musique !!!
- - Un mode coop très bien pensé
Les points faibles de Ghosts 'n Goblins Resurrection
- - Une animation qui fait très jeu flash
- - Le jeu reste très exigeant, et potentiellement frustrant.