Test Ghost of Tsushima : Un appel au voyage de tous les instants

publié le 6 septembre 2020 à 12h38.
Dernière modification le 4 janvier 2022 à 11h36

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Critique du jeu Ghost of Tsushima sur PS4

Auparavant, créateurs de la sympathique série Infamous, le studio américain SuckerPunch revient avec une nouvelle licence exclusive à la console de Sony avec Ghost of Tsuchima, un jeu qui, présenté il y a quelques années déjà, avait impressionné par ses qualités visuelles tout en levant quelques sourcils sur son gameplay. Sorti en juillet 2020, nous avons pris le temps de le tester dans les meilleures conditions possibles avec notamment une mise à jour qui relève la difficulté et offre un challenge pratiquement indispensable au plaisir de jeu. Voici le test de Ghost of Tsushima sur PS4.

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Histoire

L’action de Ghost of Tsuchima se situe à la fin du 13ème siècle lors de la première invasion Mongole au Japon et donc plus particulièrement sur l’île de Tsushima. Vous prendrez le rôle de Jin Sakai, un samouraï qui survivra au massacre des siens pour mener à bien une vengeance révélatrice des difficultés à suivre un code de l’honneur tel que le sien.

Ishikawa-Sensei

Basée sur des faits réels, l’histoire du jeu est une de ses forces. L’invasion Mongole est retranscrite de façon très réaliste et intelligente. Les stratégies de guerre, les personnages dépeints, leurs conflits intérieurs, leurs relations sont extrêmement crédibles et montrent un grand respect pour les deux cultures. On rappelle ici que le studio qui produit Ghost of Tsuchima est américain, mais que le jeu transpire l’authenticité, certainement dû à un travail de recherche colossal. Là où Ghost of Tsuchima se détache, c’est par son extrême sérieux. Ici, pas d’humour postiche à la Yakuza, pas de créatures étranges à la Sekiro et pas de mise en scène extravagante à la Metal Gear Rising. Au même titre que le Bushido, ici, tout est brut voire épuré, comme si toutes les folies permises par le média avaient été mises de côté pour se concentrer sur l’essence même du genre. Un véritable hommage qui se fait ressentir jusque dans la possibilité d’offrir au jeu l’esthétique Kurosawa, LE Maître des films de samouraïs.

Ghost of Tsushima

Un détail qui n’en est pas un, la qualité d’écriture des personnages est vraiment à créditer à SuckerPunch. De l’avis même de certains créateurs de jeux vidéo japonais, le studio a vraiment réussi à créer des personnages complexes et réalistes au vu de la période à laquelle se déroule le jeu. Ainsi, votre personnage Jin Sakai à un physique plutôt basique et sors des clichés Kpop ou badass généralement inhérents aux jeux se déroulant dans de tels univers. Le chamboulement de ses convictions et les choix auxquels il sera confronté sont également particulièrement bien traduits et ressentis par le joueur et cela vaut pour la plupart des personnages. L’antagoniste Mongol est également plein de subtilités. Car oui, les Mongols étaient « barbares » et extrêmement violents, mais leur intelligence et leur stratégie d’invasion est ici également mise en avant ce qui ajoute des couches de subtilité bienvenues.

Ghost of Tsushima

Enfin, mention spéciale pour les personnages féminins forts qui encapsulent la sagesse, l’attention et la force d’une façon peu commune dans le jeu vidéo. Vous l’aurez compris, le travail d’écriture est une vraie réussite et on remercie le studio de nous fournir une autre facette de ce que peut offrir une expérience historique plongée dans la culture asiatique.

Ghost of Tsushima

Game System

La volonté du studio SuckerPunch pour leur nouvelle licence est claire : prendre toutes les mécaniques d’open world existantes et n’en garder que l’essentiel. Au risque de déplaire, tout est épuré dans Ghost of Tsushima, mais pas uniquement dans le bon sens du terme. Le jeu est donc un monde ouvert avec un système de progression tout à fait classique. Son principal point différenciant réside dans l’utilisation d’éléments de la nature afin de vous guider. Le but étant de vous faire explorer son monde en passant par la carte le moins possible. Un principe d’immersion vraiment agréable qui transforme les premières heures de jeu en une expérience assez unique même si le système montre ses limites avec le temps. Malgré tout, entendre le bruit d’un oiseau vous interpellant et le suivre pour arriver à une quête secondaire, suivre un renard pour découvrir un temple caché… tout ceci apporte au jeu une touche qui lui permet d’avoir une identité propre. Alors oui, ce n’est pas nouveau, les chiens dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild par exemple pouvaient nous indiquer des trésors également, mais jamais cela n’avait été porté à autant de facettes d’un gameplay. L’utilisation du vent pour se guider en est le parfait exemple et permet sans mauvais jeu de mot d’apporter un peu de fraîcheur à un genre vampirisé par Rocktar et Ubisoft et qui stagne depuis de nombreuses années.

Ghost of Tsushima

L’île se Tsushima est divisée en trois zones relativement vastes dans lesquelles vous retrouverez des activités attendues : temples à découvrir, camps/villages à libérer, des missions secondaires… et des activités un peu plus atypiques telles que des moments de réflexion dans des sources chaudes, du découpage de bambou et de l’écriture de Haïku. Toute activité vous procurera une récompense allant de l’élément esthétique au déblocage de nouvelle capacité afin de personnaliser votre style de jeu.

Ghost of Tsushima

Jin Sakai est par défaut un samouraï, mais avec le temps vous pourrez devenir un vrai ninja. Selon votre envie, vous pourrez réellement vivre l’aventure différemment, car cet entre-deux entre le combat frontal - plus samouraï - et l’infiltration - plus ninja - pourra être source de frustration. En effet, même s'il est intéressant de fournir la possibilité au joueur ces deux pans de gameplay, Ghost of Tsushima montre clairement ses limites si vous jouez en mode « ninja ». Premièrement, pas de surprise, l’IA des ennemis est une catastrophe. Ayant fait toute l’aventure en mode Lethal, mode dans lequel chaque coup peut provoquer la mort (pour vous comme pour vos ennemis), c’est le mode que nous vous recommandons sous peine de rouler sur le jeu et ruiner quelque peu l’aventure. En effet, la difficulté compense pas mal la bêtise des adversaires, ces derniers sont littéralement aveugles et ne réalisent même pas lorsque les alertes sont données. Même si les combats sont parfois chaotiques, nous vous conseillons vraiment d’attaquer autant que possible de front tel un vrai samouraï pour vivre une meilleure expérience de jeu.

Ghost of Tsushima

Ghost of Tsushima offre des combats vraiment intéressant. Encore une fois, tout est assez brut. Pas d’effet d’étincelles ou autres effets flashy, au même titre que la navigation, les détails sont plutôt subtils. Quelques effets de lumières en guise d’indication pour des attaques ennemies à contrer ou à éviter et le tour est joué. Tout comme Nioh (lire également le test de Nioh 2), vous pourrez apprendre différentes poses de combat pour vous adapter aux ennemis. Au nombre de quatre, elles vous permettront de modifier votre maniement du sabre afin de casser la garde de vos ennemis et les neutraliser avant de ranger votre katana avec style à l’aide d’un swipe sur le trackpad de la manette. Un pan stratégique très plaisant même si parfois, pas assez réactif lorsque vous êtes encerclés. Actionnable en associant une gâchette + rond, carré, triangle ou croix, il vous arrivera de vouloir changer de pose entre deux ennemis sans que le système suive votre rapidité d’exécution. Une bonne idée, mais perfectible donc. Cela n’enlève malgré tout rien au plaisir des combats heureusement, mais leur empêche d’atteindre l’excitation qu’ils auraient mérité. Heureusement, quelques mécaniques comme la confrontation, pour défier en duel plusieurs ennemis ou encore la pose fantôme, une séquence vous permettant de tuer en un coup n’importe quel adversaire pendant un temps limité apportent une petite touche de vivacité à l’ensemble. Évidemment, vous pourrez démultiplier vos stratégies à mesure que vous débloquerez des capacités tels que l’arc, les bombes et autres coups spéciaux.

Ghost of Tsushima

Malgré des difficultés techniques, les possibilités de gameplay offrent donc un large choix de stratégie pour les confrontations. Malgré tout, quel que soit votre niveau de skill, que vous jouiez en samouraï ou en ninja, rien ne pourra vous préparer à l’adversaire ultime : la caméra. Comme mentionné, le lock dans Ghost of Tsushima est inexistant, ou plutôt invisible. Jin attaquera le personnage lui faisant face. Alors oui, c’est très élégant sur l’écran, mais en pratique, c’est souvent source d’incompréhension du champ de bataille. Il faudra constamment jouer de la caméra pour être sûr de ne pas être attaqué par derrière, ce qui pourra entraîner des morts un peu désagréables car pour une raison qui vous échappe. L’unique point positif est que le jeu charge à une vitesse incroyable. À peine mort, vous serez de nouveau sur le champ de bataille. C’est au moins ça de gagné.

Ghost of Tsushima

Ghost of Tsushima souffre également d’un autre mal commun à la majorité des jeux en mode ouvert : les situations systématiques. Que ce soit dans les missions ou toutes les activités annexes, si vous ne suivez pas la quête principale, la plupart des activités sont assez répétitives. Malgré un effort fait sur le contexte des quêtes, le schéma : atteindre le lieu > tuer les mongols et trop similaire à chaque fois.
Pour toutes ces raisons et pour ne pas gâcher l’expérience, nous vous recommandons de jouer à Ghost of Tsushima sans le rusher, à moins que les points négatifs mentionnés ne vous gênent pas, évidemment.

L'avis de ou-jedi qui a testé le jeu sur PS5
Un an après sa sortie, Ghost of Tsushima revient dans une version Director’s Cut qui introduit une nouvelle zone d'exploration sur l’île d’Iki, et qui, par la même occasion, apporte un éclairage intéressant sur le passé Jin Sakai. L'architecture de la PlayStation 5 permet de jouer sans chargement et dans des décors encre pus beaux en 4K, et la manette DualSense contribue grandement au gameplay encore plus immersif. Découvrez le test de Ghost of Tsushima: Director's Cut sur PS5.

Ghost of Tsushima est un appel au voyage de tous les instants

Graphisme

Sorti en pleine période de confinement, la dernière production de SuckerPunch est un appel au voyage de tous les instants. Les paysages de l’île sont sublimes, emprunts à une végétation largement exagérée mais qui donne un côté poétique contrastant largement avec la violence dépeinte. Une opposition parfaite qui participe à l’aura du titre et pousse à l’exploration et la contemplation. Seul élément réellement en dessous du reste, l’eau est souvent résumée à des plans sans vie et sans texture. Un peu dommage pour un élément aussi important d’une île.

L'eau dans Ghost of Tsushima

Vous visiterez une multitude de décors très divers, de la plaine désertée au champ de fleurs à perte de vue en passant par d’incroyables temples et des forêts luxuriantes dans un cycle jour/nuit plutôt bien calibré qui mettra en avant le moteur graphique avec des effets de lumière tout aussi bluffants. Ceci pourra d’ailleurs être immortalisé à l’aide de l’impressionnant mode photo déjà devenu une référence en la matière. Une vraie réussite malheureusement inégale qui ne s’applique pas à la performance capture. Tout à fait honnête, elle ne fait cependant pas le poids face aux productions actuelles de ce niveau (je pense par exemple aux expressions faciales des personnages de The Last of us Part II). On peut deviner les moyens plus limités de SuckerPunch face à certains studios, mais les expressions faciales et les mouvements des différents protagonistes sont en dessous de ce que l’on espérait sauf encore une fois pour les missions de l’histoire principale qui ont bénéficié d’un soin particulier, heureusement.

Ghost of Tsushima

On note également une certaine répétitivité dans les skins de PNJ et beaucoup de problèmes de collisions qui ne gênent pas outre mesure, mais qui font tâches face à la beauté des paysages notamment lors des séquences d’escalade particulièrement ratées avec une maniabilité aberrante et surtout des éléments visuels très disgracieux qui permettent néanmoins de les distinguer à distance.

Ghost of Tsushima

Autre point fort de la partie visuelle du titre, le design des armures fait mouche. Vous pourrez adopter différents styles pour votre samouraï, de la tunique de rōnin à l’armure de guerrier et toutes transpirent la classe, surtout après amélioration. Chez les Mongols également, les détails des différentes classes sont extrêmement bien travaillés et cohérents avec la direction artistique du titre.

Ghost of Tsushima

Autre élément pour les puristes et gros point de communication lors du lancement, le fameux mode Kurosawa vous permettant de transcender l’esthétique du jeu en le passant dans ce fameux mode noir et blanc avec une partie sonore « à l’ancienne », hommage au réalisateur légendaire. Symbole d’une validation sur sa terre native pour les équipes de SuckerPunch, cela reste tout de même une option qui restera peu utilisée tant la palette de couleur du titre joue en sa faveur.

Le mode noir et blanc de Ghost of Tsushima

Bande son

Au même titre que les autres aspects, le jeu possède ici une certaine dualité. Les musiques sont, en effet, incroyables et on peut dire que la bande-son frise l’excellence tout comme la partie doublage avec des acteurs au professionnalisme indéniable que ce soit en français ou en japonais.

Ghost of Tsushima

Malheureusement, une synchronisation labiale quasi-inexistante et une motion capture en deçà, viennent ruiner quelque peu certaines séquences et l’on se retrouve donc parfois avec une impression de marionnette donnant la réplique à une autre.

Durée de vie

Ghost of Tsushima est long, comptez entre 20 et 25 heures, un peu plus si vous avez l’âme du complétiste. Avec quelques longueurs et des quêtes annexes peu mémorables, attention à bien varier vos occupations si vous ne voulez pas vous lasser trop vite.

Duel à lOnsen de Kashine

Mon avis concernant Ghost of Tsushima sur Sony Playstation 4

16/20

Ghost of Tsushima est un jeu qui mérite son public, qui risque de s’agrandir prochainement avec la mise à jour multijoueur. Certainement pas exempt de défauts, il a cependant de nombreux atouts et est une proposition intéressante dans le paysage vidéoludique actuel. Même s'il reprend nombre de mécaniques présentes dans d’autres jeux, il en améliore certaines ou tente au moins d’offrir des alternatives. La qualité d’écriture notamment pour les personnages permet également à ce récit de prétendre à un bel avenir dans les licences de Sony

Ce qu'il faut retenir

Les points forts de Ghost of Tsushima

  • - Des décors magnifiques
  • - Une histoire principale très bien écrite
  • - Des protagonistes réalistes et modernes
  • - Des personnages féminins qui sortent du lot
  • - Le conflit interne de Jin
  • - Une bonne durée de vie
  • - Les éléments de la nature pour guide
  • - Un vrai jeu de samouraï

Les points faibles de Ghost of Tsushima

  • - La caméra horrible
  • - L’IA à l’ouest
  • - Les phases d’escalade
  • - Une répétitivité certaine
  • - L’eau

Bande annonce du jeu Ghost of Tsushima en 4K