Test The Last of Us Part II. Une oeuvre magnifique d'une grande violence
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Critique du jeu The Last of Us 2 sur PS4
Annoncé tel le messie, celui qui nous montrerait la voie vers la prochaine génération, The Last of Us 2 du studio Naughty Dogs est enfin parvenu entre nos mains après un report dû à une épidémie mondiale bien plus réelle. Un petit pied-de-nez de la nature qui ne l’empêche pas de faire tomber des records et de se vendre par palettes. Mais qu’à cela ne tienne, fidèle à notre nature humaine, le débat fait rage et divise dorénavant la planète en deux factions bien distinctes, la question est sur toutes les lèvres et a infesté les forums, éternel champ de bataille de notre communauté. The Last of Us 2 nous accroche-t'il à l’écran au point de nous remettre en quarantaine pour profiter un maximum de son expérience ? Ou n’est il qu’une suite parmi d’autres que l’on souhaitera fuir, nous faisant apprécier d’autant plus le déconfinement ? Les leaders du monde vidéoludique ne sachant trancher, nous avons décidé de raviver notre flamme de la passion pour éclairer certains fidèles, quitte à embraser le cocktail molotov. Voici le test de The Last of Us 2.
Histoire
The Last of Us: Part II est comme son nom l’indique une suite au premier épisode. Prenant place quelques années plus tard alors que notre tandem Ellie/Joel vit plutôt paisiblement à Jacksonville, une ville improvisée au milieu de nulle part regroupant des survivants à l’épidémie. La thématique principale du jeu est la vengeance et sera explorée sous différents points de vue. Une prise de risque indéniable et à saluer, certainement pour tenter de se différencier du premier épisode uniquement centré sur la relation entre Joel et Ellie et le lien père/fille.
N’y allons pas par quatre chemins, l’histoire de The Last of Us 2 n’a pas l’effet coup de poing du premier. La façon de raconter l’histoire, l’enchaînement des événements fait que l’on s’attache peu ou pas aux personnages et il faut se rendre à l’évidence, leur sort ne nous importe qu’en de rares occasions. Cela aurait peut-être pu être différent avec une structure différente, mais les développeurs ont choisi de placer des flashbacks qui ont tendance de casser l’expérience. Il y a même à un moment un flashback dans un flashback, bon, pourquoi pas.
Une expérience qui tente de briser les barrières entre jeu et film
Les attentes pour les premières minutes du jeu étaient déjà relativement élevées suite à l’incroyable scène d’intro du premier volet sorti en 2013, et les développeurs ont cette fois, choisi un chemin quelque peu différent, nous faisant cette fois-ci goûter au calme avant la tempête plus longtemps. Un goût un peu fade s’en dégage malheureusement, car même si le jeu est clairement magnifique, on en reparlera bientôt, l’écriture n’a pas le même impact, c’est d’ailleurs l’un des reproches majeur de TLOU Part 2. Le jeu, toujours principalement écrit par Neil Druckman (Uncharted 4: A Thief's End) reste une expérience qui tente de briser les barrières entre jeu et film, l’histoire et sa mise en scène sont donc poussés comme étant son principal atout. Malheureusement, entre les deux épisodes, de nombreux divertissements ont transcendé la culture populaire, en commençant par The Walking Dead et Game of Thrones. Même si cela peut paraître un peu hors sujet, il est important de saisir l’influence de ces deux œuvres pour saisir une chose, il y a eu un avant et après, nous sommes dorénavant habitués à un certain niveau de choc, à certains twists scénaristiques dans ce genre d’histoire, au point que nous ne sommes même plus étonnés de voir un protagoniste mourir subitement en plein milieu d’une scène. Votre vision du scénario, de son écriture et de sa mise en scène peut donc être relativement impactée si vous êtes par exemple un client de l’une ou l’autre des séries mentionnées précédemment.
Le souvenir du premier bien en tête, on attend donc que le jeu décolle, et même si certains passages sont réellement prenants, notamment sur la fin, nombre de moments clés se devinent pour peu que l’on soit attentif, on est rarement surpris, plutôt étonnés voire dubitatifs de certains choix. Un personnage, Dina, sort cependant du lot et permet de rendre l’aventure un peu plus intéressante, sa relation avec Ellie étant une part importante de l’histoire. Malheureusement, une impression de déjà-vu émerge et parfois l’envie d’en finir se fait ressentir. Le jeu peut sembler traîner en longueur et rallongeant des passages qui auraient gagné à être plus courts. Un point fort donc si vous souhaitez une aventure qui dure. The Last of Us 2 est long. Trop long même, et ce n’est malheureusement pas le gameplay qui aidera à varier l’expérience.
Game System
Last of US 2 est toujours un TPS dans lequel vous devrez jongler entre infiltration et action plus directe afin de survivre entre des infectés et des factions ennemies. Pour cela, vous devrez utiliser votre ouïe, vos armes et crafter différents éléments à l’aide de ce que vous stockerez dans votre sac. Pour favoriser la stratégie, vous pourrez transporter un stock limité de ressources et d’objets quitte à lever quelques sourcils comme nous allons le voir par la suite.
Tout d’abord, même si les commandes ont été modernisées et assouplies, le gameplay de TLOU Part 2 empêche tout sentiment de progression du joueur. Alors oui, nouveauté, vous pouvez apprendre de nouvelles capacités en trouvant certains livres dans les décors, mais grosso modo, votre façon de jouer au début de l’aventure sera la même sur la fin, avec quelques outils/armes en plus. La technique de craft en combinant les objets ramassés, particulièrement impressionnante et révolutionnaire à l’époque est aujourd’hui exploitée jusqu’à la moelle et tourne le jeu en une recherche éternelle de ressources. Particulièrement lassant après un certain nombre d’heures de jeu, ces moments de calme entre deux scènes d’action deviennent le seul intérêt de l’exploration, où vous pourrez apercevoir quelques easter eggs autours du studio. Aucune autre gratification pour le joueur ne viendra malheureusement enrichir l’expérience.
Vous serez pratiquement confrontés aux même galères du début à la fin. Pire, vous devrez répéter l’apprentissage de compétences pour les différents personnages. Certains diront que c’est réaliste par rapport à l’univers du jeu, mais ne sommes nous pas en présence d’un jeu vidéo ? Et si le jeu se doit d’être fidèle à son réalisme, pourquoi ne pas pouvoir ramasser n’importe quelle arme des mains de l’ennemi ? Vous aurez parfois des situations assez ridicules ou les adversaires semblent avoir des munitions illimitées. Tuez cet ennemi et vous récupérerez une balle de pistolet. De quoi se poser des questions. Les développeurs ont souhaité limiter le loot évidemment pour ne pas rouler sur le jeu mais se voulant très réaliste, la balance est un peu trop aléatoire. Il vous arrivera parfois de tuer un ennemi possédant des flèches sur lui, sans pouvoir les ramasser par la suite, un poil frustrant lorsqu’on est à court, pour ensuite vous retrouver dans une scène ou vous pourrez tirer à tout-va sur les ennemis sans jamais être à court de balles parce que c’est « prévu ».
Le jeu est également un nid d’opportunités ratées. L’IA est souvent à l’ouest, vous poussant parfois dans les coins de mur révélant votre position à l’ennemi. Il aurait été judicieux d’intégrer une simple mécanique qui aurait permis de donner certains ordres clés aux PNJ vous accompagnant pour élaborer des stratégies, car en l’état, vous aurez parfois l’impression que vos amis sont justes là pour vous regarder mourir en restant planqués.
Autre nouveauté, des chiens ont fait leur apparition. Sympathiques au premier abord, ils se neutralisent assez facilement, malheureusement et pire encore, vous en aurez parfois un vous accompagnant sans pouvoir l’exploiter. Vraiment dommage. Un autre écueil du jeu se trouve dans la construction de ces zones. La plupart du temps, plutôt grandes, vous n’aurez qu’à rester à un point fixe et cueillir les ennemis les uns après les autres, ces derniers répétant les mêmes erreurs que leur précédent allongé mort devant vous. Il aurait été appréciable de provoquer plus de contournements de la part de l’IA adverse histoire d’engendrer plus de mobilité.
The Last of Us: Part II impose sa vision de la violence
La possibilité de jouer discret ou bourrin est donc toujours offerte, en fonction de vos munitions, que ce soit contre humains ou infectés. Les gunfights ont d’ailleurs gagné en intensité avec des animations vraiment impressionnantes comme lorsque l’on est projeté en arrière sous l’impact des balles. Mais encore une fois, la tactique d’approche entre les deux types d’ennemis est relativement identique. Nous aurions aimé avoir une façon de jouer contre les infectés et une façon différente contre les ennemis humains pour apporter plus de stratégie. Un jeu comme Days Gone, dans le même type d’univers avait réussi à renouveler son gameplay en différenciant les approches, rendant l’expérience plus variée avec le même type de contraintes.
La comparaison s’arrête ici et dans tous les cas, The Last of Us 2 vous soumettra à sa violence. La volonté étant de la pousser vers des extrêmes, certaines scènes ou exécutions seront particulièrement crues. À l’heure ou le jeu vidéo s’ouvre et offre au joueur certains choix, The Last of Us: Part II choisit de rester classique et impose sa vision de la violence, crédible et sans concession, un choix qui divisera. On pourra se demander si c’était vraiment nécessaire, mais cela fait partie de l’expérience. Le problème est que la violence étant exacerbée à chaque instant, peu de scènes s’en retrouvent marquantes si ce n’est une confrontation assez incroyable et unique en son genre vers la dernière partie.
Heureusement, certains passages sont surprenants et agréables, comme l’arrivée à Seattle qui offre un peu d’exploration libre. Une bouffée d’air frais dans le jeu qui permet de se rendre compte de ce qu’aurait pu être le jeu en étant un peu plus ouvert et moins systématique. Car le jeu reste un long couloir. Par chance, c’est certainement le couloir le plus riche en détails et le plus beau que vous n’aurez jamais parcouru.
L'aspect visuel est sans aucun doute la plus grosse baffe pour le joueur
Graphisme
On les attendait, ils ont transcendé nos attentes. Les équipes de Naughty Dogs sont clairement au-dessus du lot. Malgré toute la violence du titre, l’aspect visuel est sans aucun doute la plus grosse baffe pour le joueur. Les personnages sont incroyables de réalisme dans leur modélisation, des détails sur les chaussures aux expressions faciales. L’histoire de TLOU Part 2 couvrant un large spectre émotionnel, vous serez témoin d’une prouesse technique confirmant toute la maîtrise du studio sur la direction artistique de son univers. La végétation est d’ailleurs un cran au-dessus de ce qui avait été fait sur Uncharted et prouve que la PS4 est capable de grandes choses avec du temps et beaucoup d’argent. Les décors traversés sont également extrêmement variés et possèdent chacun une ambiance incroyable. Fourmillant de détails, chaque recoin pourra être sublimé par le mode photo extrêmement complet. Les éclairages, l’eau, les effets de particules, même si moins impressionnants que le reveal de l’E3 mettra tout le monde d’accord. Nous sommes en présence de l’avion de chasse du jeu vidéo avec une performance capture qui transcende le média, nous poussant pratiquement à offrir un oscar de meilleur acteur à un avatar virtuel.
La contrepartie de cela est que les décors sont très peu interactifs si ce n’est pour certaines parties prévues pour les plus gros infectés. Ces derniers sont d’ailleurs toujours aussi répugnants, avec quelques nouveaux arrivés qui permettent de renouveler légèrement le bestiaire avec une partie sonore toujours aux petits oignons.
Bande son
Le travail sur l’ambiance sonore est tout aussi impressionnant que sa partie visuelle. Les différents types d’infectés sont immédiatement reconnaissables au bruit. Il est d’ailleurs recommandé de jouer au casque pour être happé par l’immersion du jeu ce qui rendra les parties plus intéressantes. Les dialogues entre les différents protagonistes sont également soigneusement écrits et bien contextualisés surtout dans les phases plus calmes ou les personnages ont le temps d’échanger. Les musiques en revanche sont moins identitaires que celles du premier épisode et se font plutôt discrètes.
Mon avis concernant The Last of Us 2 sur Sony Playstation 4
Qu’on ne s’y trompe pas, The Last of Us Part 2 est, et restera, une oeuvre majeure. L’oeuvre de Naughty Dogs tente de se rapprocher du soleil quitte à se brûler les ailes. Malgré sa perfection indéniable au niveau visuel, il donne parfois l’impression d’une formule 1 sur le périphérique en heure de pointe. Oui c’est beau, oui on ne peut s’empêcher d’être scotché par ce savoir-faire. Mais manette en main, on a l’impression de ne pas exploiter tout le potentiel qui nous est offert. Même si l’ambition est de s’approcher d’une oeuvre cinématographique, le titre oublie parfois qu’il est un jeu vidéo et met son gameplay et le plaisir de jeu en retrait en nous flattant la rétine. L’effort est tout de même titanesque, mais si suite il y a, nous espérons que l’histoire saura renouer avec la surprise et que le même effort sera appliqué à ces mécaniques de jeu.
Ce qu'il faut retenir
Les points forts de The Last of Us 2
- - Une claque graphique
- - Une histoire mature
- - La diversité des environnements
- - Retrouver Ellie et Joel
- - Un monde plus vaste
Les points faibles de The Last of Us 2
- - Un gameplay old school
- - Des personnages peu attachants
- - Une mise en scène décevante
- - Aucun choix laissé au joueur
- - Une mécanique de loot étrange
- - Peu de situations différentes
- - Des décors peu ou pas interactifs
- - Une fin qui laisse indifférent