Test A Plague Tale Innocence : un jeu prodigieux au coeur d'une épidémie
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Critique du jeu A Plague Tale : Innocence sur Xbox One
Deux enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes dans le Sud-Ouest du royaume de France médiéval, alors que l'épidémie de peste noire fait des ravages dans les villages d'Europe et que nos ennemis Anglais sont aux portes de la Guyenne (nom donné à l'Aquitaine d'aujourd'hui). Une atmosphère abominable au cœur de l’inquisition du XIVème siècle, et pourtant, A Plague Tale : Innocence est un jeu vidéo qui nous invite à bord d'un voyage somptueux. Le jeu est édité par Focus Home Interactive et a été conçu et développé entièrement par le (petit) studio français Asobo Studio, basé à Bordeaux.
Le jeu A Plague Tale : Innocence est disponible sur PC, Xbox One et PS4 depuis le 14 mai 2019 et je vous explique les raisons pour lesquelles j'ai beaucoup apprécié vivre cette aventure fraternelle, avec le test de A Plague Tale : Innocence réalisé sur Xbox One X.
Le temps de l’innocence prend fin
Histoire
Elle, c'est Amicia De Rune, jeune et insouciante adolescente de 14 ans. Équipée d'une petite fronde, elle aime impressionner son père le Seigneur De Rune, et les promenades en forêt avec Lion, le chien de chasse familiale.
Lui c'est Hugo De Rune. Le petit garçon de 5 ans est atteint d’une étrange maladie depuis sa naissance. Il vit cloîtré dans sa chambre et voit personne d'autres à part sa mère Béatrice, qui s'occupe de lui en permanence. Elle le protège du monde extérieur et essaye de le guérir avec la médecine alchimique.
Un jour de novembre 1348, un incident survient dans la forêt. Des événements dramatiques s'enchaînent, et tout l'univers enfantin d'Amicia s'effondre pour sombrer dans le chaos. Les parents des enfants se font assassiner par les soldats de l’inquisition dirigé par le seigneur Nicholas et le grand Inquisiteur Vitalis Bénévent, qui souhaitent s'emparer du petit garçon.
Livrés à eux-mêmes, entraînés dans un voyage initiatique semé d’embûches, les deux orphelins Amicia et Hugo doivent fuir le domaine familial, se frayer un chemin à la recherche d'un abri, et trouver un remède pour Hugo. Mais un autre mal est à leur poursuite : la peste noire et des nuées de rats ont envahi le royaume de France, laissant derrière eux des paysages désolés.
Quelle est cette diablerie ?
Le jeu est avant tout une expérience narrative qui rappelle des jeux comme Brothers: A Tale of Two Sons, et des films comme Star Wars (oui oui) ou le Seigneur des Anneaux. Ce n'est en aucun cas un aspect négatif, puisque le studio ne copie pas, mais s'inspire tout en gardant une originalité. N'oublions pas que le jeu évoque la peste noire qui a tué près de la moitié des Européens, un événement très peu, voire pas du tout, représenté dans l'univers du jeu vidéo de type post-apocalypse.
L'histoire du jeu nous plonge dans une aventure captivante et on se laisse embarquer durant les 17 chapitres. On y reviendra plus bas, mais le jeu n'est pas très difficile laissant ainsi la part belle à l'histoire et mettant en avant des personnages aussi touchants que poignants. Le jeu d'acteur et les dialogues en français sont parfaitement calibrés, offrant aux joueurs la sensation d'un univers probant, meurtri par la peste noire.
C'est la fin du vieux monde
Game System
Le jeu commence par un prologue qui fait office de didacticiel, et qui devrait être montré à tous les studios de développement de jeux vidéo. Par le biais d'un seul chapitre, le jeu fait le tour de toutes les capacités d'Amicia et bascule d'un monde féerique à un monde cauchemardesque. Livré à eux-mêmes, sans plus aucun repère, Amicia et Hugo doivent donc chercher de l'aide sans se faire attraper par les soldats de l'Inquisition. Et on comprend rapidement que le jeu A Plague Tale : Innocence est bien un jeu vidéo d'aventure avec de l'action, mais surtout une grosse dose d'infiltration. Pour cela, Amicia pourra compter sur les nombreux moyens offerts par le jeu, pour échapper à la vigilance des ennemis : des petits murets, des pierres, des vases à casser, des zones sombres, etc. Car s'ils se font repérer, la moindre erreur est fatale puisqu'il suffit d'un coup d'épée, de masse, de flèche ou de lance, pour voir son héroïne mourir.
Sans trahir l'histoire du jeu, sachez que le jeu prendra une tournure différente lorsque les rats feront leur apparition. Non seulement ces petits rongeurs propagent la maladie par le biais de la bactérie Yersinia pestis, mais ils se déplacent par milliers et sont affamés ! S'ils croisent le chemin d'un homme ou d'une bête, ils en feront qu'une bouchée. Il faudra donc selon les situations, les éloigner en utilisant la lumière ou se servir de l’obscurité pour les attirer contre des soldats ennemis par exemple.
Le craft est un élément essentiel dans le jeu et entraîne une progression graduée dans le gameplay. D'une part pour améliorer les compétences de la jeune fille, par le biais d'un arbre de compétences sur trois niveaux : éléments d'alchimiste pour créer des poisons, modifications d’équipements et amélioration de sa fronde. Comme Lara Croft sur son feu de camp, Amicia aura besoin d'un établi pour enrichir ses aptitudes.
D'autre part, pour créer de nouveaux projectiles avec les connaissances acquises au fil de l'aventure et les éléments qu'Amicia aura ramassés. En actionnant une roue de sélection, le joueur aura à sa disposition des objets utilisables avec la fronde ou en les lançant à la main.
Le jeu est assez facile, même pendant les phases de réflexion, se focalisant essentiellement sur l'histoire. L'aventure est scripté en grande partie sauf dans les villages, où les ruelles nous offrent le choix du parcours et même si plusieurs solutions sont envisageables pour un même obstacle. De plus, les ressources mis en surbrillance se comptent par centaines, les rondes des soldats sont très complaisantes et l'aide à la visée n'offre pas beaucoup de difficulté.
Graphisme
Pour le développement de son jeu, le studio Asobo a utilisé un moteur graphique fait maison. Du début à la fin du jeu, que ce soit en pleine lumière ou dans des endroits plus sombres, le résultat est bluffant et embelli par les particules qui flottent dans l'air, comme des feuilles dans la forêt, des feux de bois, l’ambiance feutrée des chaumières, etc. Il suffit de voir les captures d'écran de ce test pour vous en rendre compte. D'ailleurs, vous remarquerez que le HUD est quasiment inexistant, favorisant ainsi l'immersion.
Une direction artistique époustouflante
Amicia et Hugo évoluent dans un monde riche en détails que ce soit au niveau de l'architecture médiévale, la flore, ou dans des endroits plus terrifiants que je vous laisse découvrir en jouant. De plus, les personnages vont directement réagir à leur environnement comme dans les jeux Naughty Dog. C'est à dire, qu'à proximité d'un groupe, Amicia sera interpelé par une conversation, ou à l'approche d'un feu, Amicia va se couvrir le visage, ou bien, nos héros tourneront leur tête à la recherche d'ennemi lors des phases d'infiltration, ou alors, Hugo ira partir cueillir des pommes, etc. Certains moments d'innocence des deux enfants sont d'ailleurs magiques. La larme à l'oeil est toute proche. Je vous aurai prévenu.
Mais ce qui fait véritablement la force de jeu, ce sont les effets de lumière et d'ombres parfaitement maîtrisés, qui jouent énormément sur l'atmosphère du jeu : torches, feux de camp, lanternes, ombres, etc. Le résultat est remarquable.
Bande son
La musique fait partie intégrante de l'aventure et contribue grandement au succès du jeu. Elle permet de mettre le joueur dans une ambiance médiévale à la fois somptueuse et glauque. Elle accompagne l'action dynamiquement et renforce l’émotion générale qui se dégage du jeu.
Cette bande originale a été écrite par le compositeur français Olivier Deriviere ayant travaillé sur de nombreux jeux vidéo comme Obscure (très bon survival horror développé par Hydravision), Get Even, The Council, Vampyr et 11-11 Memories Retold. Elle rappelle des petits airs au violon, empruntés à Clint Mansell, notamment sur le film The Fountain. C'est magnifique et la musique rythme parfaitement le jeu entre les moments de calme et les moments plus ténébreux.
Le doublage est quant à lui très réussi. Dirigé par le studios La Marque Rose, on retrouve des acteurs et des grandes voix françaises comme Léopoldine Serre pour Amicia (Art3mis dans Ready Player One ou Belle dans La Belle et la Bête), Cécile Gatto pour Hugo, Barbara Tissier pour Béatrice (très active dans le doublage de dessins animés et surtout connue pour le doublage de Cameron Diaz) et Féodor Atkine pour Vitalis Bénévent, véritable vétéran du doublage ayant travaillé sur de nombreux jeux vidéo.
Durée de vie
A Plague Tale: Innocence est un jeu qui se laisse admirer par sa beauté. En prenant mon temps pour découvrir toutes les richesses du jeu, tout en suivant les objectifs, j'ai terminé le jeu en 16 heures (morts du personnage compris). Reste maintenant la question de la rejouabilité. On peut évidemment refaire le jeu, comme on pourrait relire un roman qu'on a apprécié, mais l’intérêt est minimum. Reste maintenant les succès à déverrouiller, mais je ne suis pas un fan des succès et je trouve que ça casse totalement l’immersion. Pour ma part, je ne vais donc pas refaire le jeu en longeant tous les murs pour trouver des items à collectionner.
Mon avis concernant A Plague Tale : Innocence sur Microsoft XBOX One
Comme Uncharted, Last of Us ou God of War, A Plague Tale: Innocence est désormais une référence dans l'univers du jeu vidéo. Amicia rejoint le panthéon des héroïnes les plus classes du jeu vidéo, aux côtés d'Aloy et Lara Croft.
Asobo Studio nous offre là un bijou que seuls les studios indépendants peuvent nous offrir. On n'avait pas été aussi hyppé pour un jeu d'aventure créé par un studio indépendant depuis Hellblade: Senua's Sacrifice. La narration est maîtrisée, la réalisation est léchée et la bande-son dynamique nous immerge totalement.
C'est une véritable surprise pour moi et j'ai pris une claque. Car j'ai débuté le jeu sans participer à des sessions de tests organisées par l'éditeur et sans avoir vu une seule bande-annonce. A Plague Tale est une pépite et laisse envisager de très belles années pour le studio français. D'ailleurs, Focus Home Interactive a annoncé avoir signé avec Asobo Studio, la réalisation d'un nouveau jeu sans aucune autre précision. Oui disons-le clairement. La fin, voire même le titre du jeu avec ses deux points, laisse envisager une suite. Alors, vivement la suite !
Ce qu'il faut retenir
Les points forts de A Plague Tale : Innocence
- - Une histoire captivante
- - Un récit bien écrit
- - Une bande-son magistrale
- - Un doublage réussi
- - Des graphismes à tomber par terre
- - Un gameplay qui se renouvelle
- - Une fin qui laisse envisager une suite ! Oui ! Vivement la suite !
Les points faibles de A Plague Tale : Innocence
- - Quelques incohérences liées à l'I.A.
- - Une expression labiale qui aurait pu être plus poussée
- - Assez linéaire