Test de The Messenger : un jeu de Ninja en 8 shino-BITS

publié le 2 avril 2019 à 16h08.
Dernière modification le 2 avril 2019 à 19h26

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Critique du jeu The Messenger sur PC

L’éditeur Devolver Digital, c’est un peu comme le label Blue Note pour le jazz. Ce sont eux qui découvrent les meilleurs dans leur domaine.
Ici, c'est le studio de développement québécois Sabotage qui a été repéré par Devolver et qui nous offre The Messenger, un jeu incroyablement old school et maitrisé du début à la fin. Explication avec le test de The Messenger, disponible sur PlayStation et PC via steam depuis le 19 mars 2019.

The Messenger ? Le jeu qui m’a le plus accroché de ces dernières années

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Histoire

20/20

Le Roi Démon. Cette entité à elle seule accapare toute l’énergie et tout le temps d’un village de ninjas. En même temps avec un nom pareil, on force un peu les gens à faire attention à vous. Le Roi Démon donc doit revenir sur terre et seul le héros de l’ouest, celui de la prophétie, peut en venir à bout.
Dans son petit village de ninja, entre deux entraînements, votre avatar s’ennuie, rechigne à écouter le vieux maître lui rabattre les oreilles avec ses vieilles légendes que plus personnes ne croient. Et pourtant, il arrive, le roi démon et toute son armée, pour mettre à mal la terre entière, et le héros de l’ouest également. Vous voilà donc embarqué dans une histoire qui vous dépasse complètement, avec un parchemin que vous devrez amener jusqu’à la tour du temps.

Vous êtes Le Messager

The Messenger

Tout cela ne semble pas très original, et pourtant, The Messenger est le jeu rétro le mieux écrit auquel j’ai été amené à jouer ! Il y a derrière cet apparent classicisme une volonté de rendre hommage aux jeux d’antan, et à leur scénario un peu simple. Si le point de départ n'est pas beaucoup plus développé que les jeux de l’époque 8 ou 16 bits, sachez qu’il va vite être beaucoup plus complexe et intéressant. En effet, et sans trop vous en dire, le jeu The Messenger va s’inscrire dans un système de voyage temporel, procédé lui-même classique dans les jeux vidéo, mais ici utilisé avec maestria.

The Messenger

Ce qui fait de The Messenger une expérience unique, c’est le soin apporté aux dialogues. Souvent anecdotiques, négligés, ils occupent une place prépondérante. Bien sûr, vous pouvez toujours les skipper, mais cela serait passé à côté des meilleures répliques que j’ai eu la chance de lire dans un jeu vidéo. Le plus impressionnant est que tout cela se fait sur des boîtes de dialogues à l’ancienne. Alors, qu’est-ce qui les rend si extraordinaires ?
L’humour qui joue à la fois sur le texte en lui-même, mais également sur la manière dont les joueurs interagissent avec le jeu vidéo. Je ne veux pas vous spoiler les meilleures lignes, mais par exemple un des PNJ vous demande de ne pas faire quelque chose. En cliquant à nouveau, il le redit avec une autre formule. Et cela, une troisième fois. Puis on revient au début, il redit la première phrase. etc. Mais si vous avez la pugnacité de continuer, il vous dira qu’il espérait que vous ne cherchiez plus à lui demander, car dans les jeux une fois que les dialogues bouclent, les joueurs arrêtent.
Cette rupture du quatrième mur, brillante, surprenante, et super drôle, le jeu en déborde ! Je n’ai jamais autant ri devant un jeu ! Et encore une fois, sans aucune voix digitalisée, juste avec des boîtes de dialogues.

The Messenger

Et au-delà de l’humour, il y  a une recherche stylistique très fine, et même des moments de réflexion philosophique sur le bonheur, la morale, le destin; dans les dialogues, mais également dans le jeu en lui-même, nos rapports aux ennemis, les boss en particulier... racontent quelque chose.
Comme quoi, on n’est pas obligé de faire un jeu narratif chiant et sans gameplay pour faire passer des idées, des émotions, des dialogues dignes de ce nom ! D’autant qu’ici, les idées sont bien plus originales et intelligentes que dans beaucoup de narratifs qui se donnent des airs grandiloquents pour pas-grand-chose (Oui c’est à toi que je pense David Cage, et tous tes semblables !).

The Messenger

The Messenger recèle une richesse hallucinante

Game System

19/20

The Messenger est un jeu typé retro qui s’apparente à un action plateformer type Ninja Gaiden (1988) ou Shinobi (1987).
La différence fondamentale entre le jeu typé retro et le retro gaming, c’est que dans le retro gaming vous jouez à des jeux qui ont 20 à 30 ans et qui ont été des pionniers, avec ce que cela implique de maladresse et d’obsolescence (dur dur de jouer à un Mario Nes tant l’inertie pose problème et gâche l’expérience de jeu par exemple). Un jeu typé retro est un jeu qui emprunte le moteur graphique et sonore de l’époque, mais qui s’émancipe des canons de l’époque pour proposer une expérience fraîche et innovante, un jeu comme avant mais avec une maîtrise du game design beaucoup plus poussé (un peu comme Shovel Knight ou le dernier Mega Man).

The Messenger

Sauter, frapper, planer, grimper. C’est à peu près tout. Classique. MAIS ! Mais un nouveau mécanisme de jeu va changer complètement la donne, comme je le disais plus haut : Le Saut de nuage. Si vous frappez un ennemi ou un objet pendant votre saut, vous aurez droit à un nouveau saut, et ce, à l’infini.
Je vous laisse imaginer les possibilités que cela ouvre. Si on le cumule aux autres éléments du gameplay comme la possibilité de planer, ou le grappin, vous comprendrez à quel point The Messenger recèle une richesse hallucinante.

The Messenger

Et tout cela maîtrisé de main de maître par les développeurs. La précision du titre est juste parfaite. Le level design ingénieux. La difficulté relevée sans jamais être élitiste. Un dosage parfait. Le seul reproche que je pourrais citer est le fait de planer en appuyant et en gardant appuyé sur le bouton saut. Lors de quelques scènes particulièrement salées, on s’embrouille un peu les pinceaux, d’autant que lorsqu'on heurte un ennemi, on arrête de planer. Mais cela m’est arrivé 10 fois dans l’intégralité du jeu, ce n’est pas non plus rédhibitoire.

The Messenger

Le jeu s’ouvre en mode 8 bit, mais ne commence vraiment qu’une fois l’épreuve du temps passé. Vous allez voyager dans le futur et découvrir le même monde 500 ans plus tard, mais en 16 bits ! En plus d’être visuellement cool d’avoir un jeu en 8 ou 16 bits, le plus cool, c’est que ce principe n’est pas gratuit, mais il s’intègre à l’histoire. Le passage du temps est matérialisé par l’évolution du jeu vidéo. À l’inverse d’un Wonderboy 3 où le changement était purement cosmétique.
Que dire d’autres ? Que les boss sont ingénieux ? Que le jeu est très varié ? Que vous allez découvrir au cours de l’aventure de nouvelle arme ? Qu’il y a un système d’XP qui permet d’acheter de nouvelles compétences ? Qu’on ne sombre jamais dans l’ennui ? Qu’il se renouvelle ? Avez-vous compris que ce jeu m’a séduit ou alors je continue ?

The Messenger

Graphisme

19/20

Alors là, les screens parlent d’eux-mêmes. Chaque level possède une identité propre, qu’il faut en plus, doublé avec les passages 8 et 16 bits. En sachant qu’il ne s’agit pas que d’une évolution graphique, 500 ans se sont écoulés, d’où de grosses différences visuelles (par exemple, un palais majestueux et un palais en ruine)
Les personnages, les boss en particulier sont très impressionnants, les PNJ ont chacun une petite expression qui les rend tout de suite attachant, avec des petits détails qui permettent de les différencier.
Juste une tuerie ! Toujours inspiré, toujours renouvelé.

The Messenger

Bande son

19/20

Et en plus d’être beau à se damner, vous aurez une des meilleures BO que j’ai entendu ces dernières années, ce qui fait souvent défaut, même aux bons jeux. Elle est du niveau de la BO de Shovel Knight pour ceux qui ont eu la chance d’y jouer (pour les autres, allez-y).

Mon avis concernant The Messenger sur PC

19/20

Difficile de ne pas être dithyrambique quand je parle de The Messenger. C’est le jeu qui m’a le plus accroché de ces dernières années, alors tant pis : Superbement écrit, magnifiquement pensé, parfaitement réalisé, excellemment charadesigné, magistralement sonorisé. Merci Sabotage.

Ce qu'il faut retenir

Les points forts de The Messenger

  • - Une histoire qui vous promet bien des surprises !!
  • - Des dialogues géniaux
  • - Une maitrise de A à Z

Les points faibles de The Messenger

  • - Confus dans quelques moments intenses entre double saut et planeur

Bande annonce de The Messenger