Test de Shadow of the Colossus sur PS4. Une oeuvre d'une grande finesse

publié le 16 février 2018 à 15h48.
Dernière modification le 20 février 2018 à 12h08

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Critique du jeu Shadow of the Colossus sur PS4

Il y a des œuvres qui marquent, par leur empreinte, par leur audace ou par leur originalité... les esprits. Shadow of the Colossus développé par SCE Japan Studio est de ceux-là. Sorti en fin de parcours de la console Playstation 2, il jouit d'une telle réputation qu'une version HD est sortie sur PlayStation 3, et un remake HD, complètement reforgé graphiquement sur PlayStation 4. Je n'ai jamais eu de PS2 ni de PS3, préférant les consoles Microsoft. J'ai donc découvert le jeu manette en main, qu'à l'occasion de ce test. Que vaut donc cette version PS4 ? Voici la réponse avec le test de Shadow of the Colossus sur PS4.

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Histoire

16/20

Le jeu Shadow of the Colossus s'ouvre la nuit, à flanc de falaise avance un jeune homme à l'allure princière. Des vêtements finement brodés, aux motifs à la fois familier et pourtant fabuleux, issu de civilisations mythiques, habillent ce jeune cavalier et également sa douce aimée, allongée, inerte. Un destin tragique les aurait frappés... On suit sa progression au rythme jusqu'à un aqueduc gigantesque, et un temple solitaire dans la plaine. Avalé par le temps et la végétation, le jeune homme dépose le corps de la demoiselle sur un autel. La voix insondable et désincarnée de Dormin, une sorte de déité éthérée, raisonne alors au milieu de cette salle. Elle vous explique que pour retrouver l'âme de votre promise, vous devrez défaire 16 titans. Mais redonner la vie à cette jeune femme, aura de grandes répercutions.

Shadow of the Colossus

Ainsi s'ouvre l'histoire de Shadow of the Colossus. La frontière entre le magnifique et le too much est ténue, mais la simplicité de la mise en scène qui participe magnifiquement à l'ambiance, permet à ce jeu d'être toujours juste.

L'histoire est très simple, voire simpliste. Mais je la vois plutôt comme une œuvre d'auteur, celle de Fumito Ueda à l'origine de The Last Guardian sur PS4, et très chargée symboliquement : la quête du héros qui va affronter des forces qui le dépassent, comme Orphée s'aventurant aux enfers pour délivrer Euridice du monde souterrain d'Hadès.

Shadow of the Colossus

Game System

17/20

Paradoxalement, la grande force de Shadow of the Colossus est la simplicité. Là où des jeux comme Gods of War ou Azura's Warth cherchent le frisson de l'action décomplexée, ici tout est en retenue, en économie. Cela participe à la compréhension d'une œuvre qui est artistique, et tend à véhiculer des émotions et des idées, plus que du scoring.

Ainsi, vous débutez votre aventure au faîte de vos pouvoirs. Pas d'XP, pas d'item ou de power up, pas d'accessoires ou de nouvelle arme. Une épée bénie, un arc simple et Agro, votre fidèle destrier.

Votre solitude vous sera rappelée tout au long du jeu, par les graphismes et la bande-son (j'y reviens plus bas) mais également par la simplicité du gameplay.

Shadow of the Colossus

Le Hud est dépouillé, un bouton pour attaquer, un pour changer d'arme, un pour sauter, un pour attraper – s'accrocher à un rebord ou à une tignasse de colosse par exemple... - et c'est tout ! Pas de combos, pas de fioritures... Les combats se feront le plus simplement du monde, aussi sobre et solennel qu'une pendaison.

Ce dépouillement a un sens. Il est là pour nous rappeler que nous ne sommes pas grand-chose. Il force notre humilité. Et quand on rencontre au croisement de notre périple, une créature de cent fois notre taille... On reste bouche bée et on se demande.... Mais comment vais-je bien pouvoir le blesser ?

Shadow of the Colossus

Tout le ressort du jeu est là : trouver et exploiter le point faible de votre goliath.

Il ressort du jeu, plus une expérience incroyablement puissante et métaphorique, qu'un vrai jeu traditionnel fait d'exploits et de difficultés. On avance dans Shadow of the Colossus, de manière régulière, sans bûcher et sans le soupçonner, nous surmontons les épreuves les plus Herculéennes, guidés par un level design d'une profonde ingéniosité, et par notre épée magique qui dispose d'un pouvoir bien pratique.

Shadow of the Colossus

Si le soleil vous éclaire, en brandissant votre glaive magique (non, vous n'aurez pas la force toute puissante, désolé pour tous les fans de Musclor...) un faisceau lumineux vous indiquera soit votre route, soit le point faible de votre ennemi. En cherchant la réunion des rayons, vous finirez par trouver un point précis dans votre environnement ou sous la carapace de votre adversaire.

C'est simple, élégant, utile et discret.

Déplorons toutefois quelques menus détails qui ralentissent un peu notre progression. Le cheval est un peu trop fougueux dirons nous. En vérité, il est très dur de le manipuler. Il est parfait pour de longues distances en ligne droite, mais quand il s'agit de manœuvrer, c'est tout de suite problématique, et vous gagnerez souvent du temps en finissant à pied.

Shadow of the Colossus

De même, la caméra cherche toujours l'angle mettant le mieux en valeur le paysage ou le dynamisme de l'action, et cela au détriment parfois de la lisibilité de l'action. Vous choierez bien quelquefois, de ne pas avoir bien cerné où votre personnage sautait.

Mais cessons ces chicaneries, Shadow of the Colossus est une œuvre d'art, et elle doit être jugée sur ses nombreuses qualités et non sur ces imperfections.

Graphisme

19/20

Dès les premières secondes du jeu, vous serez happé par le gigantisme du jeu... Vous n'avez encore rencontré aucun colosse et déjà les plaines s'étendent à perte de vue. Au loin, des montagnes, des cascades, des édifices aux dimensions colossales et à l'architecture cyclopéenne s'offrent vos yeux médusés.

Shadow of the Colossus

La course effrénée de votre cheval sera toujours bien ajustée par les angles de caméras, et vous vous surprendrez à répéter ces mêmes mots : C'est magnifique !

Et puis viendra inéluctablement l'heure d'affronter votre premier colosse, puis un deuxième, et le troisième... Et à chaque fois, la même hébétude face à ces créatures de 40, 50, 80 mètres de haut ou de longs !!! Tout en pierres, en muscle, en fourrure, en calme et en fureur !!!

Le design de chaque monstre est majestueux. Et ce sentiment de solitude, d'impuissance, qui irriguent tout le jeu, se ressent à chaque fois. Le vertige quand on se hisse jusqu'à sa tête, les frissons quand il s'ébroue, manquant de nous faire basculer...

Et les paysages ! L'herbe qui s'agite tendrement, le sable qui fouette, le ciel aussi impétueux que les colosses, qui se charge d’électricité au fur et à mesure que le jeu avance. Les paysages sont émouvants de beauté, mais également aride, asséché de toute vie. En dehors de vous et d'Agro, ce sont de rares oiseaux, quelques papillons et lézards qui vous arracheront à votre esseulement. Cette quête, vous la faites pour vous, et c'est seul que vous l'accomplirez !

Shadow of the Colossus

Les rayons du soleil qui viennent vous soulager, l'obscurité des cavernes et toujours l'émerveillement quand vous rentrerez dans des cités enfouies, vous êtes le premier regard humain à se poser sur ces pierres depuis des centaines, des milliers d'années.

Shadow of the Colossus

Ainsi s'ouvre l'histoire de

Je n'ai pas assez de superlatifs pour décrire la beauté de cette œuvre. Mais plus fort encore, c'est la cohérence entre l'histoire, le gameplay et les graphismes. Tout cela évoque la solitude, mais aussi le balancement entre peur et merveille, la crainte des divinités et le courage de les affronter, tout cela pour vous révéler à vous-même votre condition de héros mythologique, votre quête initiatique.

Bande son

19/20

Là encore, la puissance se fait par l'économie. Ce sont les bruits de sabots ou de pas qui vous accompagneront à travers les plaines immenses ; les violons savent se taire pour laisser le héros seul avec sa solitude.

C'est une expérience forte que d'errer dans des paysages majestueux mais également austères. Le bruit du vent, un cri de faucon au loin, et vos sifflements ou appel à votre cheval...

Shadow of the Colossus

Nous sommes ici face à une œuvre d'auteure, qui assume jusqu'au bout ses ambitions, et qui s'en donne les moyens ! Si on se sent livré à nous-même, la musique ne manque pas. Le calme apaise. Et tout est en harmonie avec le jeu.

Et quand la musique résonne, faite de corde, de cuivres, de piano, de bouzouki (un instrument à cordes irlandais semblable à un luth), dès les premières notes, on est emporté par la maestria et la volupté.

Mon avis concernant Shadow of the Colossus sur Sony Playstation 4

18/20

Jouer à Shadow of the Colossus, c'est la promesse de poser vos yeux et vos mains sur une œuvre d'une grande finesse, dans laquelle le gameplay, les graphismes, la bande-son vous transportent à travers des contrées métaphoriques. Le jeu se construit comme une énigme entrecroisée : dénouer le sens symbolique de cette aventure épurée en découvrant les faiblesses des géants. Par bien des aspects, j'ai vu des points communs avec des œuvres de Myazaki, le héros chevauchant une monture fidèle me faisant penser à Ashitaka du film Princesse Mononoke, les cités titanesques et oubliées m'ont replongé dans Laputa, le Chateau dans le Ciel, mais c'est bien cette impression générale de vivre quelque chose de grand qui m'a rappelé le maitre du manga.

Ce qu'il faut retenir

Les points forts de Shadow of the Colossus

  • - Une direction artistique à couper le souffle
  • - La cohérence entre le propos du jeu et son gameplay
  • - Le lien qui se créé avec Agro

Les points faibles de Shadow of the Colossus

  • - Ne cherchez pas à jouer à un beat em all.
  • - La caméra est parfois taquine
  • - On regrette de ne pas avoir de cravache pour faire obéir cette vieille carne de canasson !

Bande annonce de Shadow of the Colossus