Master class avec Eric et Ramzy pour La Tour 2 contrôle infernale
Non, ce n'est pas proche du dernier Quentin Tarantino ou de Gravity
Est-ce un film de gogols ?
Éric : Oui avec deux imbéciles. Il était inconcevable de faire le film avec des mecs intelligents. Nos rôles et nos personnages sont bêtes, c’était marrant de reprendre nos personnages fétiches.
Des influences ?
Éric : Oui avec Stanley Kubrick. Car on voulait recréer des décors angoissants, notamment avec des longs couloirs infinis comme la scène avec les militaires, pas spécialement comique. Pour faire évoluer ces personnages enfantins dans un monde adulte, on voulait créer une rupture.
C’était marrant de reprendre nos personnages fétiches
Pourquoi avoir préféré faire un préquel plutôt qu'une suite ?
Ramzy : 14 ans après, cela nous faisait bizarre de faire une suite... D'autant qu'Éric a beaucoup vieilli ;) C'était beaucoup plus intelligent de faire un préquel, de voir ce qui s'est passé avant et de jouer nos parents.
Éric : Et au-delà de ça, c'est marrant parce qu'un préquel, c'est fait pour des films plus sérieux, des films de sciences fictions, des films qui racontent des choses, pour savoir la genèse de telle ou telle chose... Là c'est débile.
Ramzy : Il y a rien à raconter.
Éric : C'est une vanne de faire un préquel.
Est-ce que vous ferez un préquel du préquel ?
Éric : ;)
Ramzy : Dans le 3...
Éric : On jouera nos gros parents.
Pourquoi fils de boulanger ?
Éric : On ne le sera jamais, le monde de la boulangerie est impitoyable.
Un petit mot sur vos personnages ?
Ramzy : Depuis qu'on est sur scène, on a toujours fait attention à jouer ce qu'on appelle le clown blanc.
Éric : On essaye de contrebalancer le jeu de pouvoir, entre le dominant et le bébête. Dans H (la série télévisée), on jouait les imbéciles, dans La Tour Montparnasse infernale (film réalisé par Charles Nemes et sorti en 2001), on était un peu plus malin. Dans les spectacles, on est des teubés. Donc là on s'est dit qu'on allait jouer les deux gogols et finalement, les personnages intelligents sont les autres, essentiellement Marina Foïs (qui joue dans le film, la conseillère du Ministre).
L'urgence de faire un préquel est arrivé quand dans votre carrière ?
Éric : Il n'y a pas eu d'urgence, on a laissé monter l'envie.
Ramzy : Comme disait... on devait avoir envie d'avoir envie :)
Éric : En fait on a fait des choses par ailleurs chacun de notre côté, Ramzy a fait des films d'auteurs, moi j'ai fait une série (Platane). On est parti dans un autre registre, moins dans l'absurde, plus dans la réalité. Et finalement, ça nous a manqué. On était aimanté et on s'en reparlait régulièrement et on ne s'est pas quitté... Mais l'envie de refaire les gogols, elle était là.
Par rapport au premier, vous utilisez beaucoup de sang, c'était une envie ?
Éric : Oui, lors d'une prise Ramzy s'est coupé et on a continué à tourner ;) Je criais flm film film, cours, cours.
Ramzy : Je tiens à préciser que je n'ai pas souffert du tout pendant le tournage ! Je suis juste hémophile ;) Ça nous faisait marrer en fait. C'était pendant l'écriture en fait. On se disait : "ça serait marrant que j'ai 100 trous de balle, et que ça tienne!"
Éric : On avait d'ailleurs une séquence qu'on a coupée au montage, où je lui demande comment ça se fait que tu n'as rien. Et là il me répondait...
Ramzy : "Ça n'a touché aucun point vital ;)"
Éric : Voila ça nous faisait marrer. On traine Ramzy dans la boue, on lui plante des couteaux dans le dos.
Ramzy : Je suis un homo.
Éric : Il a les mains plates.
Ramzy : Oui ça c'est vrai et c'est sans trucage c'est les miennes.
Éric : Oui il s'asseyait dessus ;)
Marina Foïs a été partante dès le début où vous avez usé de force ?
Éric : Pour nous, c'était impossible qu'elle refuse, mais à tel point qu'on a écrit le scénario sans jamais l'appeler. Mais dans le scénario, on mettait Marina Foïs. Puis le producteur part faire la promotion du film et le scénario commence à s'installer dans Paris. Et un jour Marina m'appelle : "Dis-moi il y a un scénario avec le nom Marina Foïs, j'imagine que c'est moi ?". C'était elle, c'était d'office elle. C'est une longue histoire, quand on jouait au théâtre au Splendide en 1996, 97, et elle, elle jouait avec les Robin des Bois, juste avant nous à 20:30. Depuis on est pote. C'était impossible qu'elle refuse.
Il y a des scènes coupées ?
Éric : Oui il a des scènes coupées. Je pense qu'il y a eu des scènes d'improvisation mais à quel point pour les autres personnages ?
Vous laissiez vivre les acteurs?
Ramzy : Il y a eu zéro improvisation. On travaille déjà à l'écriture. Dès l'écriture, on se répète et on se parle, on garde bien entendu une petite liberté pendant le tournage
Éric : On a appris tout au long de notre carrière à faire confiance au texte. Pendant très longtemps, on se disait ce n'est pas suffisant. Et surtout, qu'on n'a pas de formation d'acteur, et on avait besoin à chaque prise de se réinventer, d'essayer de surprendre l'autre pour pouvoir jouer la prise au plus près. Et au fil du temps et de l'expérience, on se fit de plus en plus au texte... On joue le texte.
Ramzy : D'autant qu'avant, on était juste comédien. Il y avait un réalisateur qui nous le permettait... Là une fois qu'on disait coupé, Éric allait sur un autre plan tout préparer, il fallait vraiment qu'on soit précis.
Éric : Il y a eu une scène où là on s'est amusé. On a improvisé avec la scène à l'infirmerie avec Charles Nemes qui réalise le premier (La Tour Montparnasse infernale).
C'est facile de diriger son meilleur pote Ramzy ?
Éric : C'est une sorte de monstre, une boule d’énergie et tu lui donnes des espaces. Et tu joues là... Non, en fait, c'est plus lui qui me donnait des conseils de jeu pendant les prises, parce que moi j’étais réalisateur, et j'étais ailleurs, les prises, les décors. Et à chaque fois que je repassais devant la caméra, je devais redevenir gogol. Il m'emmenait dans son énergie. C'est lui qui me redonnait le rythme.
Naturellement on écrit des choses qui nous font marrer
Est-ce que vous vous imposez des limites dans l'écriture ? Par exemple, ça c'est trop raciste, je ne le mets pas, etc.
Éric : Ça non... On en a forcément, on ne se les dit pas, on ne les nomme pas, mais y a des choses pour lesquelles... Nos personnages ne sont jamais sexués, on parle rarement avec le cul. Voilà, ça on le fait plus entre blogueurs :) Voila, ces vannes là, on les fait pas dans nos films, on n'est pas cul du tout. Il y a d'autres choses sur lequel on ne rigole pas et on ne se les impose pas. Naturellement on écrit des choses qui nous font marrer. On n'est jamais choqué de l'idée de l'autre. On a la même sensibilité artistique.
Quel traitement de texte avez-vous utilisé pour écrire le scénario ?
Éric : Final Draft.
Ramzy : Final Draft comme tout le monde, 100% des gens.
S'il y a un trois est-ce que vous voulez le réaliser?
Ramzy : C'est sur et certain.
Erci : Vu qu'il est complètement foiré celui-là, on va le laisser à Charles Nemes.
Ramzy : Ou à Tarentino :)
Éric : Depuis Seul Two (film sorti en 2008), nous réalisons. À moins d'aller chez Quentin Dupieux, qu'on idolâtre, on va réaliser nos affaires.
Ramzy : Tu voulais Isabelle Mergault, tu m'as dit ;)
Éric : Réaliser, c'est une nouvelle écriture par-dessus le scénario. En comédie, le même gag... le mec qui se prend une porte filmé en large ou en serré, ce n'est pas le même gag. Filmé avec de la musique rigolote, c'est pas le même gag, filmé avec autre lumière, etc. Donc on fait plus confiance, on s'est déjà fait violer, donc ça suffit. On se rend compte à quel point... Là on a commencé une tournée, et on fait 118 villes en France, et on se rend compte que le premier film est aimé. Et c'est aujourd'hui, qu'on se dit qu'on va peut-être décevoir ... Même si c'est quasiment avec les mêmes personnages, l'esprit est un peu différent. J'ai l'impression que ce film est plus moderne que le précédent. Il est moins simple, il y a plusieurs grilles de lecture... Parce que le premier était 100% burlesque, moins absurde. On joue avec nos corps et le corps des autres, mais voila, on a cette énorme crainte de faire la copie conforme du premier avec d'autres gags. Je me souviens aussi que, quand on a sorti le premier, les gens sont venus le premier mercredi en masse la première semaine, mais les gens venaient nous connaissant de H... Mais La Tour Montparnasse infernale, ce n'est pas le même humour que H. On est partie pour faire 4 millions d'entrées et la semaine suivante, on a perdu la moitié. Tout le monde était déstabilisé. Et j'espère qu'avec ce film, on fera la même chose, qu'on va en déstabiliser certain et en ramener d'autres parce que celui-ci est plus adulte. Ce n'est que mon humble avis :)
Quel a été la scène la plus drôle à tourner ?
Ramzy : A tourner ? Celle avec l'opticien
Éric : L'ophtalmo ?
Ramzy : On en a des heures de cette scène.
Éric : Là pour le coup, on a improvisé un peu. L'ophtalmo et la scène de fin.
Qui joue le rôle de McCalloway ?
Éric : Jean-Peter McCalloway ? C'est Lionel Beyeke, un vrai mec de musculation qui est numéro 4 au monde
Ramazy : Pour jouer le père, on a pensé à Bill Gosby :)
S'il y a une pre-prequel, est-ce que le père de Krakenkrick aura des cheveux ?
Éric : Ce serait bien de changer de tête... J'ai failli porter une perruque pour celui-ci. On avait commencé des essais. Et on s'est dit qu'on allait décevoir d'entrée, si les gens ne retrouvent pas un petit peu physiquement les deux personnages qu'ils avaient aimé... Mais peut-être dans le 3, on se le permettra si les gens on accroché au 2.
Ramzy : Éric étant très très beau, on s'est dit qu'on n'allait pas le gâcher.
Éric : C'est vrai. J'ai ce problème de grande beauté.
Vous avez déjà des idées pour une suite potentielle ?
Éric : Noon, mouai vaguement.?
Razmy : Il va falloir qu'on s'y mette sérieusement.
Éric : Comme le disait Florent Pagny, "il faut avoir envie d'avoir envie". Il faut que ça remonte encore.
Razmy : Non, c'était Kant qui a dit ça :)
Une suite ou un spin-off du film Seul Two ?
Ramzy : Ça s'appelerai Seul Two Two ;)
Erci : Ce n'est pas dans nos...
Ramzy : On a vidé Paris une fois...
Éric : Ouai... c’était assez compliqué.
Ramzy : Ou alors on fait avec un Paris trop plein.
Éric : Plein de rebeus :) Flippant :) Nous on adore ce film, mais ce n'est pas à l'ordre du jour. On n'a pas eu le public qu'on attendait dessus. Il n'a pas trop mal marché, il a fait 1 million d'entrées. Mais on espère qu'il va bien vieillir.
Le sang c’était quoi ?
Éric : C'est du sang d'effets spéciaux.
Razmy : Mince, on vient de dire que c'était des effets spéciaux :) Du vrai sang de cinéma avec des tuyaux cachés.
Éric : Oh merde ;)
Du sang de porc ?
Razmy : Arrête j'en ai bu... tous les matins ;)
Malgré le statut du film culte du premier, vous avez eu des difficultés pour ce film ?
Éric : Carrément ! À mort, c'est-à-dire qu'on a terminé le scénario avec Ramzy et on l'a donné au producteur et on lui a dit qu'on aimerait bien tourner dans deux mois et il nous répond, laissez-moi une heure pour le financement... Et ça a duré un an et demi. Et à la fin, il n'en pouvait plus, du coup, il m'a demandé de venir avec lui à des rendez-vous notamment chez France 2 (France 2 Cinéma a coproduit le film). Et donc je suis allé chez France 2 pour défendre le film... Et c'était le rendez-vous le plus humiliant de ma vie, c'est-à-dire que je devais défendre chaque gag... Ils me demandaient "Pourquoi c'est drôle ?" Alors expliquer un gag, c'est comme expliquer comment vie une grenouille en l'ouvrant : elle meurt... Bref, je leur explique que c'est un film burlesque avec des gags très visuels et elle me répond : "Pourquoi l'écrire alors !" Moi je transpirais et je me disais comment je pouvais me défendre... Mais finalement France 2 y est allé ! Mais personne n'en voulait... Je pense qu'on était has been ;) mais c'est un statut qu'on aime bien :) Du coup on peut faire n'importe quoi.
Cela nous donne très envie de remonter sur scène
La scène vous allez y retourner ?
Éric : C'est une question qu'on nous pose pas mal. Mais, vu la tournée qu'on fait en ce moment et le monde qui répond présent, ça nous donne très très envie de remonter sur scène. Ramzy, il y a pas une semaine où il ne m'appelle pas pour me dire "vient on remonte sur scène" et moi je lui répons que "j'ai des trucs à faire d'abord"... et là je croie qu'on va y aller sur scène.
Ramzy s'assoit dans la salle et pose une question à Éric.
Physiquement vous avez sacrément pris :) Comment vous avez géré ça ? Avec votre ventre ? Des effets spéciaux ?
Éric : J'ai eu la chance d'avoir un partenaire qui a aussi gonflé ;)
Ramzy : Ah oui ? Pourquoi il n'est pas là votre partenaire ?
Éric : Si si, il est là.
Ramzy : Pas là, il n'est pas là ton partenaire !
La centrifugeuse au début c'est des effets spéciaux ? Vous l'avez testé ?
Éric : On a fait que deux prises... parce que c'est dangereux pour la santé ;)
Est-ce que H va reprendre ? Un film peut-être ?
Éric : Ramzy ?
Ramzy : Ça fait 15 ans qu'on a arrêté la série... Ça ferait bizarre d'y retourner aujourd'hui.
Éric : On a fait 71 épisodes de H !
Pourquoi avoir laissé passer si longtemps depuis le dernier film ?
Ramzy : 5 ans
Éric : Ça fait 5 ans qu'on fait des trucs chacun de notre côté.
Justement des nouveaux projets tous les deux ?
Éric : La scène ! Platane 3... et si Ramzy veut bien me prendre dans un projet à lui. Mais pour l'instant il est assez radin ;) Dans son prochain film Hibou (acteur et réalisateur, film prévu courant 2016) qui sort en septembre... J'ai une scène ! Une minute ;)
Fier de notre écriture, fier de notre film
Est-ce-que le tournage s'est passé comme dans la saison 2 de Platane ?
Éric : Ba non ! Dans la saison 2 on y va à contre cœur... Pour des mauvaises raisons et là on y est allé... Content de faire les gogols... fier de notre écriture, fier de notre film et content de jouer avec des Philippe Katerine, Marina Foïs, Serge Riaboukine et Grégoire Oestermann.
Ramzy s'assoit à son tour près de nous, et pose une question à Ramzy.
D'année en année vous ne vieillissez... vous embellissez. Un secret ?
Ramzy : Éric :) Oui mais en manque de répartie... alors tu vas sur enmanquederepartie.com :)
Fin de la master class !